Nuit des Comètes
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Quand un être naît de la nuit et du jour, on ne demande que sa mort mais quand cet être est au cœur d'une prophétie tout change pour chaque race.
 
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 Le roman d'origine

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AuteurMessage
Sabriël E. Leöl Adsen
~ I just want dream in the shadow ~ I'm your boss ~
Sabriël E. Leöl Adsen


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MessageSujet: Le roman d'origine   Le roman d'origine Icon_minitimeDim 10 Oct - 21:31

Bonjour a tous. Certains le savent, d'autres l'ignorent, mais ce contexte est basé sur un roman qui n'est ni fini, ni publié. Il s'agit d'un roman que j'écris. Il s'agit d'un projet personnel et n'engage que moi. Cependant, sur la demande d'un ami, nous en avons fait un forum. J'espère qu'il vous plaira et que vous aurez la motivation pour le lire.
Attention cependant, il se peut que le forum dérive du roman. L'histoire du forum commence lorsque Sabriël arrive à Trösh.

Volume I : La nuit des comètes


Prologue : Prophéties.

Au temps de Raphaël, la Terre Promise ne formait qu'un pays. Heteria, la Cité d'Harmonie en était le centre, et tout autour gravitaient les autres cités. De nombreuses races y vivaient, réparties en deux groupes distincts : Les créatures de la Lune et Les créatures du Soleil. Il y existait sept races de chaque groupe. Les créatures de la Lune étaient les Transformateurs, les Magiciens, les Demi-Elfes, les Vampires, les Lutins de Feu, les Fées-Papillon et les Sirènes. Les créatures du Soleil étaient les Elfes, les Nymphes, les Lutins de Forêt, les Centaures, les Télépathes, les Télékinésistes et les Humains. Afin de veiller sur cette terre et sur ses habitants, les descendants des Dieux s'établirent sur la Terre Promise. Ils y vécurent longtemps, et devinrent les rois du nouveau monde. On les appelait les Reis, les Lumières. Ils n'avaient qu'une seule raison d'être : L'harmonie. Raphaël fut le dernier roi de la Terre Promise.

La guerre avait éclaté entre Humains et Demi-Elfes, instaurant une ère ténébreuse et sanglante. Beaucoup de races disparurent. Trahis, Raphaël fut assassiné, comme sa lignée. Le chaos s'était installé. Trois cents ans passèrent, trois cents ans de guerres incessantes, de terreur et de tristesse. Des races soi-disant éternelles, il n'en restait que peu. Les Elfes, se tenant à l'écart, avaient survécu. Les Vampires s'étaient cachés, beaucoup étaient devenus nomades. Les Demi-Elfes avaient pris la moitié de la Terre Promise, les Humains l'autre moitié. Les Reis, réduits en esclavage, avaient quasiment disparus. Les Transformateurs avaient diminué de moitié, tandis que les Magiciens s'étaient retirés dans des contrées neigeuses ou désertiques. Les autres races avaient disparu.

Fut alors découvert le Livre. C'était un livre fort banal en apparence, mais il était écrit en Elfique, et son contenu souffla un élan d'espoir sur les peuples déchirés, et un élan de peur sur les peuples dominants. Il contenait des prophéties, toutes étaient vérifiables. Elles annonçaient le chaos, la guerre, les années de paix, les famines. Certaines étaient énigmatiques, d'autres limpides. Il fut pourchassé et disparut, mais certaines prophéties restèrent dans les mémoires.

« Le sang des rois ne peut être sali. L'Héritier de Sang-Mêlé brisera les cinq cercles et le ciel azuré brillera à nouveau. »

Les années et les siècles passèrent, identiques...

... Jusqu'à ce jour.












Chapitre 1 : Le commencement.

Dame Estelle gravit une à une les marches de la tour. Au sommet de celle-ci, elle s'agenouilla. Elle regarda avec amour la ville de Tohr, joignit les mains et pria son Dieu d'épargner sa belle cité. Depuis une dizaine d'années, la guerre avait repris. Le front n'était pas loin, on entendait les explosions, on apercevait la fumée à l'orée du bois, juste devant la ville.
_ Sivius, prie avec moi.
L'homme sortit de l'ombre et regarda Dame Estelle. Elle était belle. Ses longs cheveux bruns, luisants, lui arrivaient à la taille. Sa robe beige lui allait à merveille. Ornée de broderies légèrement dorées, elle laissait paraître son statut de fille noble mais également sa simplicité. Le dénommé Sivius posa sa main sur l'épaule de sa Dame et soupira.
_ Je n'ai jamais cru en Dieu, Madame.
Dame Estelle cessa de prier. Elle se retourna vers son serviteur, son garde du corps et sortit de sa robe une chaine qu'elle lui tendit.
_ Vois, Sivius, la pureté du joyau. C'est un fragment de Cristal de Ciel. On dit de lui qu'il a un grand pouvoir.
Sivius fixa la pierre qui se balançait au bout de la chaine. Elle était magnifique, quoiqu'un peu terne.
_ Madame, c'est...
_ Oui, Sivius, coupa Dame Estelle, c'est le joyau que Sa Majesté a confié à mon père. Je l'ai pris ce matin. Sivius, j'ai foi en toi, prend ce collier et retrouve son véritable propriétaire. Fait attention à toi.
Sivius resta silencieux.
_ Sivius, jure moi ta fidélité au propriétaire du Joyau, à ton Roi, non... à notre Roi à tous, à l'Héritier.
_ Je le jure, Madame, si telle est votre volonté.
Il saisit le collier, croisa une dernière fois le regard de sa Dame et partit. Au fond de lui, il savait qu'il ne reviendrait jamais, qu'il ne la reverrait sans doute pas.

Sivius se hâta. Il emprunta de petits chemins, et dès qu'il fut à l'extérieur de la ville. Il se transforma en loup et continua son chemin, longeant le front vers les montagnes.
Cette promesse ne signifiait qu'une chose : Dame Estelle savait qu'elle allait mourir.




















Chapitre 2 : La jeune fille au bras mécanique.

Un hurlement de douleur résonna dans la petite pièce. Le maitre armurier soupira, enfin terminé. Le cœur battant sous son tablier, il essuya ses outils. Il avait beau faire ce métier depuis longtemps, il avait beau mesurer un mètre quatre-vingt, il avait beau être musclé comme un esclave-porteur, il ressentait toujours la même chose après avoir fini. Il était à la fois triste et heureux, fier et déçu. Sa plus jeune cliente se tenait sur la table, le corps tendu sous la douleur, transpirant, incapable du moindre mouvement. Malgré son jeune âge, la petite résistait incroyablement bien. Les deux apprentis armuriers, âgés tout deux d'une vingtaine d'années avaient souvent entendu des clients adultes supplier, hurler, prier... même parfois supplier de les achever. La petite ne poussait souvent qu'un seul cri, et elle retenait ses larmes tout au long de l'opération. A cause de son jeune âge, elle devait revenir régulièrement afin d'ajuster l'Armure à sa croissance. Elle se nommait Sabriël Adsen, elle avait quinze ans. Elle subissait cette épreuve pour la quatrième fois, et n'avait jamais connu pareille douleur, pas même lorsqu'elle avait perdu son bras droit, raison pour laquelle elle avait loué les services du Maitre Armurier Windoc : le remplacer par cette Armure.

Elle ferma les yeux et attendit, le cœur battant, les muscles tendus. La douleur était intense, mais elle s'estompait rapidement. Marty, le plus jeune apprenti, s'approcha d'elle.
_ Sab' ? T'es vivante ?
L'intéressée ouvrit prudemment un œil.
_ J'aimerais... bien t'y voir...
Le jeune homme sourit.
_ Si tu peux parler, alors ce n'est pas si grave.
Il secoua la tête et Sabriël regarda ses yeux bleu gris, et ses cheveux blonds.
_ Je vais te mettre dans la pièce d'à-côté.
Elle grimaça, tandis que Marty appelait Dan, le second apprenti, plus âgé que lui.
_ Dan ! Viens m'aider !
Sabriël fit mine de se sentir blessée :
_ Dis aussi que je pèse une tonne !
Ils sourirent et les deux jeunes la soulevèrent délicatement afin de l'allonger sur un matelas beige, à quelques mètres de là.
_ Je ne me le permettrais jamais, Madame, répondit Marty à cette remarque.
_ Marty, reprocha Sabriël, je n'ai pas encore assez vécu pour que tu m'appelles ainsi!
De sa voix chevrotante, Maitre Windoc apostropha ses deux apprentis afin de les remettre au travail. Il précisa que Sabriël devait se reposer avant de continuer son nettoyage. Le temps s'écoula paisiblement, et alors qu'au loin, on entendait la proximité du front, derrière les montagnes, Sabriël s'endormit.








Chapitre 3 : Départ.





_ J'ai pris ma décision, Deinze. Prépare nos affaires, nous partons.
Le dénommé Deinze partit en silence. Il revint un moment après, après avoir soigneusement enveloppé deux paquetages.
_ Tout est prêt, Madame.
La jeune femme sourit. Deinze était un homme d'une trentaine d'années, vêtu, comme tout les servants bien traités, d'une tunique et d'un pantalon en toile. Sa Dame, Ieja, était issue d'une riche famille bourgeoise. Son seul devoir était de satisfaire tout ses désirs, d'obéir à tous ses ordres et de la protéger.
_ Où allons-nous, Madame ?
Elle le regarda. Ses boucles blondes tombaient gracieusement sur ses épaules. Elle avait également une trentaine d'années, mais elle faisait très jeune.
_ L'heure de l'Héritier approche, il est grand temps d'agir... avant qu'il ne soit trop tard.
Deinze baissa la tête. Dans ses rêves, il s'enfuyait. Mais hélas, cela lui était impossible, car il avait du sang Rei.
_ Deinze, nous partons. Maintenant.
Il souleva les paquetages et suivit sa Dame. Tout deux s'enfoncèrent dans la nuit, froide, sombre et mystérieuse.













Chapitre 4 : Chères sœurs.





_ Mes sœurs, Dieu m'a parlé. L'Héritier se réveille, l'heure est proche. Mes sœurs, Dieu à choisi son messager. C'est un grand jour!







Chapitre 5 : Préparatifs.

Sabriël se réveilla de bonne humeur. La douleur avait disparu. Il faisait doux. Dan patientait, assis par terre. Il rêvassait en regardant les nuages à travers la fenêtre ouverte.
_ T'es enfin réveillée Cendrillon ?
Elle se moqua de lui :
_ Celle qui dort d'un sommeil profond, c'est la Belle au Bois Dormant.
Elle se redressa tandis que Dan rigolait. Elle contempla son bras droit. Il était en acier, luisant dans la lumière d'un début d'après-midi. Elle reconnut les finitions détaillées du Maitre, la fine et délicate gravure sur l'épaule, représentant l'envol d'un aigle. C'était sa signature. Marty arriva. Il sourit en voyant que Sabriël était réveillée.
_ Comment tu te sens, Sab' ? Demanda-t'il.
_ Bien, répondit Sabriël, quoiqu'un peu... sonnée...
_ Comme à chaque fois, remarqua Dan, ça va passer.


Sabriël se leva et Dan lui proposa d'aller prendre une douche . Elle accepta avec plaisir. Après avoir laissé couler l'eau chaude sur son corps, elle se savonna, se rinça et mit ses vêtements. Elle portait un pantalon en cuir souple, noir, ainsi qu'un tee-shirt sans manche en coton, de la même couleur. L'Armure remplaçait son bras droit à partir de l'omoplate. Chaque articulation était une merveille de technologie, fixée de manière à avoir des mouvements fluides. Dan se montra aussi curieux que d'habitude :
_ Tu as des projets, Sab' ?
_ Non, pas vraiment, mentit-elle.
_ Tu nous racontes comment tu as perdu ton bras ? Demanda Marty. Allez ! S'il te plait !
Sabriël se raidit en serrant son poing métallique. Elle ramassa ses affaires et sortit, mettant ainsi fin à la conversation.
Elle croisa Maitre Windoc sur le perron.
_ Salut l'ancêtre.
_ Ah, s'exclama-t'il, absolument pas gêné par ce surnom, tu es réveillée.
_ Oui, il faut que j'y aille.
_ Sabriël, je sais très bien que tu n'en feras qu'à ta tête, mais il faut te ménager après la pose.
_ Je ferais attention, promis-t-elle.
_ Je ne te crois pas, répondit-il, depuis trois ans que je te connais, je ne t'ai jamais vu faire attention. Viens manger avec tout le monde ce soir, tu partiras demain.

Sabriël détourna la conversation :
_ Elle est plus... légère, non ?
_ Pas tout à fait, rectifia le Maitre Armurier, on a amélioré la maniabilité, et les articulations sont un peu plus fines. Comment tu la trouves ?
_ Elle est splendide, comme toujours.


Elle partit ensuite, après que Maitre Windoc lui ait fait promettre qu'elle mangerait avec eux ce soir-là. Elle se dirigea vers la colline qui surplombait la ville de Ceberes. Longtemps auparavant, la ville était joyeuse, animée, vivante. Il n'en restait hélas plus grand chose. Sur les cent cinquante de la grande époque, il ne restait que cinq armureries. Sabriël n'avait aucun souvenir de sa famille, ses yeux bleus et ses oreilles pointues l'avaient mené à conclure qu'elle était de sang elfique, mais pas de sang pur, car les Elfes de sang pur ont les cheveux blonds, et pas noirs comme elle. Aujourd'hui, le Maitre Armurier Windoc et ses deux apprentis étaient sa seule famille. Elle gravit la colline et s'assit dans l'herbe. Elle posa son sac au sol et en sortit des bandes en cuir qu'elle enroula autour de ses jambes, méthodiquement. Elle fit de même pour son bras gauche, le droit n'ayant pas besoin de protection. Elle enfila ensuite une paire de gants en cuir également. Une fois ceci fait, elle sortit un long poignard qu'elle fixa à sa ceinture par deux courroies, de manière à le faire tenir derrière elle, légèrement sur le côté. Pour finir, elle enfila sa veste longue qui la protégeait du froid, de la pluie et du vent. Manches longues, elle était aussi en cuir, comme la quasi-totalité de ses vêtements. C'était souvent une preuve de richesse, où de longue pratique du combat. Dans son cas, c'était les deux. Elle réajusta ses bottes – Devinez ! Noires et en cuir – qu'elle avait volé à des militaires dans un camp proche du front.

Le vent tourna, et le ciel se couvrit. Sabriël aimait bien Ceberes, mais la région était connue pour les Armures et pour les changements de temps extrêmement rapides. En quelques minutes, il se mit à pleuvoir. Elle se leva et s'apprêta à rentrer chez le Maitre Armurier, lorsqu'elle aperçut un Transformateur-loup redevenir humain, à l'orée de la ville. Elle se souvint que jadis, Ceberes était la ville des Transformateurs, où plutôt, la ville où vivaient la plupart des Transformateurs. L'homme était habillé en gris, bronzé, aux cheveux bruns. Il semblait être grand. Il entra dans la seule et unique auberge, tandis qu'elle descendait. Quelques minutes après, la cloche sonna.









Chapitre 6 : Rencontre.

Sivius suivait son instinct de loup qui le menait à sa ville natale. Il devait trouver une personne, une seule, parmi toutes celles qui vivaient sur la Terre Promise. De plus, il n'avait pas la moindre idée de qui l'Héritier pouvait bien être, et surtout de quoi il pouvait bien hériter ! « Notre roi » avait dit Dame Estelle, mais le roi de quel pays ? De quelle Terre ? Toutes les Terres étaient déjà dirigées par un roi : un roi Demi-Elfe régnait sur les Terres de l'Ouest, un Humain sur les Terres de l'Est, un roi, ou plutôt, un conseil, sur les Vampires des quatre coins du monde, et un roi Elfe sur Trösh, la seule Cité-État tolérée par les Humains qui régnaient sur la Terre où se trouvait la cité. Le Joyau intriguait Sivius. Avait-il réellement un quelconque pouvoir ?

C'est débordant d'incertitudes et de questions sans réponse qu'il pénétra à Ceberes. A peine fut-il arrivé qu'il se mit à pleuvoir. Il repris sa forme humaine et chercha une auberge où passer la nuit. Il gardait le Joyau autour de son cou. Il eut un peu de mal à marcher sur deux jambes, les nombreuses heures qu'il venait de passer sous sa forme de loup lui faisaient peiner à reprendre ses habitudes de bipède. Rapidement, il trouva une auberge. Le bâtiment semblait en bon état, contrairement à tout les autres qui menaçaient de s'effondrer au moindre coup de vent. Il demanda une chambre pour la nuit qu'il paya d'avance. On lui montra sa chambre, il y entra et regarda autour de lui. C'était assez propre, bien que petit. La chambre comportait une salle de bain, un lit, une table et une lampe. Une cloche retentit, on lui expliqua qu'il s'agissait de l'appel pour le repas. Il suivit le mouvement général du village et entra dans la grande salle, en face de l'auberge.













Chapitre 7 : Mort.

Dame Estelle était belle. Elle ferma les yeux, tandis que l'épée lui transperçait la poitrine. Dame Estelle était belle. Même dans la mort, elle était magnifique. Son sourire resta sur ses lèvres tandis que son âme s’envolait.






Chapitre 8 : Le pervers...

_ Professeur ! Professeur !
La jeune apprentie magicienne courrait dans le couloir, recherchant son professeur. Elle avait un message urgent à transmettre.
_ Bon sang, pesta-t'elle, jamais là quand on a besoin de lui !
Elle croisa Envy, un ami.
_ Tu cherches quelqu'un ? Demanda-t'il.
_ La seule personne qu'on cherche pendant des heures...
_ Je suis le seul à ne jamais chercher bien longtemps, plaisanta-t'il, va voir sur le toit, il aime bien s'y réfugier, histoire d'être tranquille lorsqu'il s'adonne à son passe-temps favori...
_ Merci !
Elle courut de plus belle, avant de grimper sur le toit de l'Académie. Son cher professeur y était effectivement.
_ Professeur, un message urgent de...
Elle s'arrêta en le regardant.
_ Qu'est-ce que c'est ça !? Professeur !
Il cacha habilement le magasine X dans ses vêtements amples et regarda son élève.
_ La curiosité est un vilain défaut, Clarys ! Quel est ce message si urgent ?
_ Dame Jade vous demande, elle vient d'arriver des Terres Glacées.
_ Yahaa ! La petiote est arrivée ! J'arrive tout de suite ma Jadounette en sucre !
Le professeur blond se leva ensuite et partit d'un bond.
_ Bon Dieu quel pervers, maugréa Clarys, que quelqu'un fasse quelque chose... pitié !





Chapitre 9 : ... et le Renardeau.



Dame Jade avait encore des cristaux de glace dans les cheveux, faute d'avoir dormi en boule dans la neige. Elle avait dix-sept ans, sa famille avait disparu, et elle se doutait à présent qu'elle s'était faite assassiner. Ses cheveux, tout comme ses yeux, avaient des reflets mauves et azurs. Sa tante, chez qui elle vivait, était trop excessive à son goût sur sa sécurité. Dame Jade avait ressentit quelque chose, et personne ne devait le savoir, enfin personne...

Le professeur qu'elle avait demandé ne tarda pas. C'était un ami de son père, et elle l'aimait bien (et lui un peu trop). Il sauta sur elle.
_ Jade ! Ça faisait longtemps ! Quel bon vent t'amène ? Glacial, vu les neiges éternelles dans tes cheveux !
_ Cesse donc, Elthalen, tu l'as senti n'est-ce pas ?
Elle secoua ses cheveux et le blond devint subitement très sérieux.
_ Oui, tu penses que... ?
_ C'est certain, coupa Jade, nous devons absolument y aller !
_ Minute renardeau, se plaigna-t'il, j'ai des responsabilités ici !
_ Elles sont mille fois moins importantes, tu le sais très bien !
Sa voix cristalline résonna dans la pièce. Elle continua :
_ Nous devons partir, c'est notre devoir. Dans moins de vingt-quatre heures, les gardes de ma tante seront là. Dépêchons !
Elthalen sourit. Ils partiraient ensemble, comme au bon vieux temps.


Chapitre 10 : Problèmes.


Sir Mervus était nerveux. Le Joyau, volé ! C'était la pire chose qui pouvait arriver ! Un grand désastre approchait.
_ Maitre, dit l'esclave Rei qui se trouvait devant la porte, on m'informe que le Joyau a été vu à Ceberes.
_ Envoyez une expédition ! Quinze hommes armés ! Ré-cu-pé-rez-le !
Sir Mervus se demanda ensuite qui pouvait bien informer d'une chose pareille. Y avait-il donc encore des partisans de Sa Majesté dans un village pareil ?





Chapitre 11 : Le début d'une amitié et d'un voyage plus que périlleux.



Ce soir-là, tout Ceberes se retrouva dans la Grande Salle pour manger. Le village était une communauté liée, à fortiori en période de guerre. Beaucoup de personnes, comme Sabriël, étaient des nomades considérés comme des membres de cette communauté. Les voyageurs étaient les bienvenus. Auparavant, Ceberes était La Grande Ville d'Armures, mais à présent ce n'était qu'un village fantôme, oublié. Sabriël reconnut le Transformateur-loup qu'elle avait aperçut. Elle remarqua le pendentif bleu qui ornait la chaine qu'il portait au cou. Elle s'approcha de lui et le mit en garde :
_ Range ton collier, il est trop voyant, tu risques de ne jamais plus le revoir : il y a des voleurs habiles dans la région.
_ Merci du conseil, dit-il en s'exécutant, j'y penserais.
_ Je m'appelle Sabriël Adsen, et toi ?
_ Sivius... Sivius Candoer. Tu habites ici ?
_ Non, mais je connais tout le monde, et tout le monde me connait. Tu voyages ?
La sympathie de la jeune fille troublait Sivius. Il remarqua ses oreilles en pointe, ses yeux bleus envoutants...
_ Pas vraiment, hésita-t'il, je cherche quelqu'un.
_ Je suppose que c'est pour lui donner le collier.
_ Euh... oui, mais... comment... ?
_ C'est trop évident, coupa Sabriël, tes vêtements ne sont pas des vêtements que quelqu'un qui porte ce genre de bijoux mettrait, et tu sembles essayer, je dis bien essayer d'être discret. Ce ne sont pas mes affaires mais... tu l'as volé ?
_ Non, enfin si mais...
Dan et Marty firent soudain irruption. Marty sortit une de ses blagues que plus personne ne trouvait drôle :
_ Sabriël, il est trop vieux pour toi !
_ La ferme Marty, s'énerva Dan, t'es lourd vieux.
_ Laisse tomber Dan, dit Sabriël, il est irrécupérable.
Elle fit ensuite les présentations, montrant chaque personne qu'elle nommait :
_ Voici Dan et Marty. Dan, Marty, voici Sivius euh...
_ Candoer, informa Sivius.
_ Ah oui ! Candoer, répéta Sabriël.
_ Enchanté, firent Dan et Marty d'une seule voix.
Sivius s'étonna de la différence frappante entre Sabriël et les deux jeunes : ils étaient blonds, Sabriël avait les cheveux noirs ; Dan et Marty avaient des vêtements anodins, d'une classe moyenne, et étaient plus vieux que Sabriël, dont les vêtements étaient en cuir, signe d'une classe riche, ou combattante (même si ce dernier terme ne convenait pas vraiment à cette dernière, selon lui). En revanche, les trois paires d'yeux étaient clairs, contrairement à lui-même. Marty et Sabriël les avaient bleus – même si ceux de Marty paraissaient ternes en comparaison avec ceux de Sabriël – et Dan les avaient gris pale. Il finit par apercevoir le poignard qui était suspendu à la ceinture de la jeune fille. Il resta pensif. Qui était donc cette jeune fille ? Sabriël remarqua l'intérêt profond de Sivius envers son arme. Elle expliqua :
_ Je suis nomade, les routes ne sont plus très sûres, et le front n'est pas loin.
_ Je vois, commenta-t'il.
Sabriël se retourna et partit en attrapant au passage un morceau de viande qu'elle mangea rapidement. Sivius la suivit.
_ Tu dors à l'auberge ? Demanda-t'elle.
_ Oui, et toi ?
_ Chez le Maitre Armurier Windoc, c'est un grand ami. Demain, je pars à l'aube. Je prévois de traverser le front pour aller à Trösh.
_ Traverser le front ?! Toute seule ?
_ Oui, ça ne dois pas être bien dur...
_ Trösh... c'est la cité elfique, non ?
_ Oui, je cherche mes origines.
_ Je vois...
_ Quand pars-tu Sivius ?
_ Je ne sais pas...
_ Au revoir alors...
_ Au revoir, Sabriël.

Ils se quittèrent ensuite, et allèrent dormir.


À l'aube, Sabriël était prête. Déjà, elle gravissait la colline, son sac sur l’épaule. Derrière la chaine de montagnes, derrière la forêt, il y avait le front qui ne cessait de reculer. Même si les Humains gagnaient du terrain ici, ils en perdaient au Nord. Elle aperçut Sivius, en haut de la colline. Elle sourit.
_ Matinale, commenta-t'il avant de la rejoindre.
Sabriël le regarda attentivement. Il était habillé en gris et beige, d'une matière qui n'était ni isolante, ni imperméable, ni résistante.
_ Tu vas venir avec moi ? Demanda-t'elle.
_ Je pense, oui. C'est la première fois que quelqu'un est assez insensé pour tenter de traverser le front. Je suis peut être un peu trop curieux.
_ Tu n'as pas d'armes.
_ Je suis un Transformateur-loup, je me battrais avec mes crocs s'il le faut.
_ Si on nous tire dessus, ce ne sera pas terriblement efficace... Allons-y alors.
Ils se mirent en route vers les montagnes, marchèrent en silence toute la matinée, mangèrent en début d'après-midi et reprirent leur marche silencieuse. A la fin de la journée, ils étaient au pied des montagnes. Ils se cachèrent sous les arbres, mangèrent et finirent par s'endormir.








Chapitre 12 : Progression continue.



Elthalen et Jade se tenaient la main, progressant dans la pénombre. Ils s'étaient enfuis ensemble en début de soirée et avaient tout planifié : Dame Jade avait annoncé qu'elle était venue pour une inspection surprise de l'académie de magie et qu'elle attendait dorénavant l'escorte de sa tante qui arriverais le lendemain. Après le repas, ils étaient partis, discrètement. Ils avaient dès lors fait très attention à ne pas passer par des chemins fréquentés et ils coupaient à présent à travers champs.
_ Elthalen, demanda Jade, crois-tu que nous avons raison ?
_ Je ne sais pas, répondit-il, mais nous avons étudié le livre, ton père et moi... Je pense que ça l'est. « Beaucoup l'entendrons, mais peu viendrons » : c'est une des prophéties.
_ Oui, mais j'ai peur, avoua-t'elle, j'ai peur de ce qui peut arriver : nous marchons vers l'inconnu.
_ Je serais toujours avec toi, Jade. Je te protègerais.
_ Merci, mais je dois surmonter ma peur...
_ « La peur viendra, s'en ira, et encore elle sera là, au plus profond de chacun. Ceux qui avanceront en l'écoutant éviteront les pires dangers, ceux qui n'auront pas peur périrons. »
_ Ce livre est effrayant...
_ Mais il se termine bien... normalement.
Et ils continuèrent à marcher, inlassablement, vers cet inconnu qui les effrayait pourtant.




Chapitre 13 : Mensonges et vérités.

La fumée ocre lui piquait les yeux. D'étranges silhouettes blanches la retenaient. Des silhouettes sans visage, terrifiantes. Elle pleurait, elle pleurait encore. D'autres ombres blanches arrivaient et repartaient, il y avait une femme parmi elles. Les voix résonnaient, nombreuses et indistinctes, qui l'enserraient et la terrifiaient.
_ Elle a péché !
_ Notre existence est pure ! Cette chose n'a pas à exister !
_ Détruisez-là !
_ Nooon ! Arrêtez ! C'est mon bébé ! C'est mon enfant, ma fille ! Arrêtez, je vous en supplie !
_ Silence ! Tu as trahis notre peuple, tu as perdu tes droits !
_ Saisissez-là !
La scène devint floue, dans un mélange de larmes, de fumée colorée, de désespoir, de solitude et d'incompréhension. Elle ne cessa de pleurer, même si la fumée ocre lui piquait les yeux, l'empêchait de respirer. Elle toussait, abandonnant peu à peu. Encore des voix.
_ Ce crime mérite la peine capitale, qu'il en soit ainsi.
_ La chose devra mourir également.
Des cris retentissaient, insupportables, tristes et enragés. Tout se mélangeait, se confondait.

Soudain, un éclair de lumière apparut, ainsi qu'un homme sombre. La femme condamnée souriait, ses cheveux étaient blonds, ses yeux bleus. La lame perfora sa poitrine. L'homme sombre ne souriait pas, la rage se lisait sur son visage, il sauta dans la foule d'ombres lumineuses, se battit, saisit l'enfant et s'enfuit...

_ Maman !!
Sabriël se réveilla en sursaut, se redressa brusquement, couverte de sueur. Elle resta un moment à se demander si elle avait réellement crié.
_ Tu m'as fait peur !
Elle sursauta et tourna la tête. Sivius sourit.
_ Moi aussi apparemment.
Sabriël ne sourit pas et se leva, troublée par ce rêve qu'elle faisait trop souvent à son goût.
_ Tu étais très agitée, cette nuit...
Elle hocha la tête et récupéra son sac. Elle annonça :
_ Il y a une rivière, plus loin. Je vais là-bas.
Sivius la regarda partir. Au bout d'un moment, il pris ses affaires et décida de la rejoindre.

Au bord de l'eau, Sabriël n'eut pas le temps de se rincer. Elle perçut un mouvement dans la forêt et s'empressa de fixer son arme à sa ceinture. Elle se raidit. Un homme, puis un autre, et encore un autre. Trois hommes sortirent de l'ombre, armés de pistolets, la visant. Il y eut trois tirs. Le premier ricocha sur l'Armure qu'elle avait mit en protection devant elle. Le second également. Le troisième lui effleura la cuisse gauche. Les hommes s'étonnèrent d'une même voix :
_ Une Armure !
Elle profita de l'instant de surprise pour sauter sur le premier, l'assommer d'un direct du droit et se mettre derrière un arbre. Deux tirs s'y fichèrent. Sabriël sortit son poignard. Elle le tint de sa main gauche, devant elle, la lame vers le bas.
_ Vas-y, je te couvre.
Elle entendit des pas. Deux sortes : des pas très rapides, lourds et nombreux, et des pas feutrés.
_ Petite, rends-toi, on ne veut pas te faire de mal... Tu sais, on est juste des chasseurs de primes, de simples chasseurs de primes... On veut juste gagner notre pain !
Une troisième sorte de pas se fit entendre, léger et rapides.
_ Argh !
Sabriël profita du désordre pour planter son poignard dans l'homme qui s'était approché. Elle vit Sivius, sous sa forme de loup, alors qu'il venait d'ôter la vie du dernier chasseur de prime. Il lui dit :
_ Prend tes affaires et grimpe sur moi, un groupe de soldats arrive.
Elle s'exécuta, rapidement. Ils s'enfuirent rapidement, ensemble. Sivius était un mode de transport relativement confortable et Sabriël n'était pas assez lourde pour l'empêcher d'avancer. Ils parcoururent une longue distance ainsi et ne s'arrêtèrent qu'une fois le premier col, relativement bas, passé. Sivius redevint humain un instant. Ils purent aisément étudier leurs poursuivants. Une quinzaine d'hommes, solidement armés, qui ratissaient le moindre recoin de terre.
_ J'ai commis quelques crimes, remarqua Sabriël, mais vu le nombre de soldats, ils ne sont pas seulement à ma recherche...
_ C'est ça qu'ils veulent, expliqua Sivius en montrant le pendentif, c'est pour ça qu'ils sont autant.
_ Euh... pour un simple pendentif ?
_ Apparemment, il n'est pas si simple... Il parait qu'il a de grands pouvoirs.
_ Je vois... en tout cas, ils sont un peu trop nombreux à mon goût.
_ De même pour moi, nous devons... attend, tout à l'heure, ils ont tiré, non ? Tu es blessée ?
_ Non, ce n'est qu'une éraflure...
_ Montre.
Il regarda sa cuisse, et conclut également qu'il n'y avait aucun danger. Le sang d'elfe qui courrait dans les veines de Sabriël avait déjà commencé à cicatriser. Sivius aperçut alors l'Armure de Sabriël, à travers les trous de la veste.
_ Tu as une Armure ?! S'étonna-t'il. On m'a dit que c'était très douloureux, non ?
_ Oui, la pose est dure à supporter, à cause du raccordement des nerfs, on ne peut pas anesthésier.
_ Tu n'es pas trop jeune ?
_ Maitre Windoc n'a pas voulu au départ, mais ça fait trois ans que je l'ai. Il est d'ailleurs le seul qui sache comment je l'ai perdu... j'ai peur que les gens me voient autrement après.
_ Autrement ? Que s'est-il passé ?
_ Oh... ce n'est que le début de ma vie... J'étais... J'étais une esclave combattante.
_ Une... ! Tu étais une esclave combattante ?!
_ Oui, à la mort de mon père j'ai été recueilli par un marchand, puis vendue. Mes propriétaires m'ont trouvé trop rebelle, alors ils m'ont vendu à un centre d'entrainement. Ils m'ont testé, j'avais sept ans quand j'ai commencé. J'ai tué quelqu'un à l'âge de dix ans. Mes adversaires ne se méfiaient pas à cause de mon âge. J'ai tué beaucoup de monde pour être libre. J'ai gagné mon statut de mes propres mains, mais j'ai perdu mon bras dans le dernier combat. J'ai gagné ma liberté et de l'argent. Alors je suis venue à Ceberes. J'avais douze ans. J'ai tout raconté au Maitre Windoc, pour qu'il accepte de me poser une Armure. Il m'a expliqué que c'était douloureux, et qu'à cause de mon âge, ils allaient devoir faire des ajustements régulièrement. Ça ne me faisait pas peur, tu comprends ?
_ C'est incroyable...
_ Je ne sais pas qui est mon père, mais je suis quasiment sûre qu'il n'était pas un Elfe, et que c'est donc ma mère qui était une Elfe. C'est d'elle que je rêve, enfin je pense... c'est horrible, c'est un véritable cauchemar... Mais toi, raconte-moi ta vie.
_ Moi ? Oh tu sais, ce n'est pas grand chose... Est-ce vrai que les esclaves combattants ont un tatouage ?
_ Oui, l'informa Sabriël en lui montrant son épaule gauche où était tatoué le numéro 6 et un dessin abstrait, mais je tiens à connaître ton histoire.
_ Je suis né à Ceberes, raconta Sivius, j'y ai grandi. Ma famille était pauvre à cause de la guerre, comme beaucoup de monde. Mes parents m'ont vendu à une famille noble. Dame Estelle était leur fille, je l'ai servi, si bien qu'elle m'a accordé la liberté, mais je suis resté son serviteur. Il y a quelques jours, elle m'a confié ce joyau que Sa Majesté avait confié à son père. Elle m'a dit de trouver son véritable propriétaire et de lui jurer loyauté et fidélité. Et je suis parti.
_ C'est quelque chose, c'est ta vie !
_ Tu recherches tes origines, non ?
_ En effet, j'espère que je trouverais ce que je cherche à Trösh.
_ Je n'ai jamais entendu parler d'un Elfe de Sang-Mêlé, même s'il y a beaucoup d'autres races qui se mélangent. Les Elfes ont des lois, une de ces lois est que leur sang doit rester pur. On m'a dit un jour que certaines choses ne devraient jamais être découvertes. Je pense que c'est vrai.
_ Peut être, mais j'ai besoin de savoir, même si j'ai peur de la vérité. Les rêves que je fais me terrifient. Si je ne découvre pas la vérité, j'aurais peur toute ma vie.
_ Si tu es sûre de toi, alors nous pouvons y aller, conclut Sivius.

Ils se remirent alors en route, un peu plus tranquillement, suivant le chemin qui serpentait à travers la chaine de montagnes. Sivius était un peu fatigué d'avoir couru sur une telle distance. Leur marche ne dura que deux heures. Ils s'arrêtèrent pour manger et se reposer. Ils avaient encore du temps.









Chapitre 14 : L'apprenti.

Cali dormait profondément au premier étage. En bas, Ceilan, son frère jumeau, préparait ses affaires avec son Maitre d'armes, Damien. Les faux jumeaux se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Cali, la jeune fille, était seulement moins têtue que son frère. Et pourtant, même elle n'aurait pu prédire que son frère allait partir. Lui-même ne l'avait su que le matin du départ. Son Maitre, Damien, était venu le voir, alors que c'était son jour de congé. Il lui avait demandé s'il était prêt à partir, à quitter sa famille, pour servir Sa Majesté. Il avait accepté, et il regrettait un peu. Cali ne pouvait pas venir.

Une fois les affaires prêtes, Ceilan regarda sa maison, la maison de ses parents. Elle n'allait pas lui manquer, elle. Damien lui tapa sur l'épaule.
_ Courage gamin, notre devoir est notre priorité à tous.
Ceilan sourit. Il était heureux d'accomplir ce que l'on attendait de lui. C'était sa manière de voir la vie. Il obéissait à son Maitre, son professeur, son guide... et c'était tout. La vie était simple ainsi. Damien le rappela à ses obligations.
_ On s'en va, petit.
_ Oui, Maitre.
Il plaça les affaires sur les deux chevaux qui attendaient à l'extérieur, puis il monta sur le deuxième. Le Maitre s'installa sur l'autre, puis ils partirent.
_ Sa Majesté nous attend, commença Damien, nous avons une mission urgente... et difficile vraisemblablement.
_ Nous aurons à nous battre, Maitre ?
_ Sûrement petit, sûrement... Si c'est le cas, tu devras t'entrainer plus.
_ Oui, Maitre.
Ceilan se souvint du jour où il avait rencontré son Maitre, une journée pluvieuse. Il était assis par terre, couvert de terre et de bleus. Ses oreilles légèrement pointues et ses yeux noirs cachés sous une capuche. Il était un Demi-Elfe, un être supérieur, tout comme sa sœur. Il avait été battu par un pauvre Transformateur, un faible soumis ! Et Maitre Damien était arrivé. Il s'était installé devant lui, lui avait enlevé sa capuche et lui avait dit qu'il était indigne, qu'il était bon à rien, et qu'il avait besoin de lui, pour devenir fort et écraser ces moucherons. Il lui avait demandé de lui confier sa vie, sa famille, ses faiblesses et de les écarter pour devenir fort. Dès lors, il était devenu son Maitre. C'était il y a neuf ans, Ceilan en avait désormais dix-sept, et il partait rencontrer Sa Majesté, accomplir son destin, réussir sa première mission.

Damien sourit, d'un sourire presque malsain. Il savait que le petit ne s'en sortirait pas, et cela l'agaçait car il avait utilisé neuf années de sa vie pour le former. Sa Majesté était trop cruelle, et elle voulait qu'il meure... où qu'il devienne un assassin, sans émotions, sans faiblesses : un être cruel et parfait.


La chevauchée dura quelques longues heures. La matinée était bien entamée lorsqu’ils s’arrêtèrent afin de manger. Ceilan était fatigué car il n’avait pas dormi, et chevaucher autant l’agaçait. Damien lui permit quand même de dormir un peu. Deux heures après, ils reprirent leur route et atteignirent la capitale en début d’après-midi. Ceilan ne vit personne à part un écuyer, un peu simplet certes, mais gentil, qui s’occupa des chevaux. Il n’eut rien à faire d’autre que déambuler dans les rues noyées de monde. A la nuit tombée, il fut rejoint par son maitre, Damien. Celui-ci lui fit remarquer son manque d’entrainement et il l’emmena dans une auberge où ils s’endormirent rapidement.
Le matin, beaucoup trop tôt d’après Ceilan, Damien emmena son apprenti vers des champs où ils s’entrainèrent jusqu’à une heure raisonnable pour se restaurer. Ensuite, Damien emmena Ceilan dans un endroit étrangement désert où il lui expliqua :
_ Écoute bien, Ceilan, car je ne le répèterais pas : notre mission est de retrouver deux personnes, mais n’en parle à personne, nous devons être discret, une guerre civile éclaterais si nous ne faisons pas attention. Nous allons nous séparer : tu partiras ce soir, vers Ceberes, et tu suivras leurs traces. D’après le rapport de nos hommes, enfin ceux-là ne sont pas importants, il s’agirait d’une gamine avec une Armure, et d’un transformateur-loup. Ceux-là, tu peux en faire ce que tu veux, mais ils transportent un pendentif bleu : tu le prends et tu le ramènes ici. T’a tout compris ? Allez, j’ai d’autres trucs à régler moi, salut petit !
Et en quelques instants, Ceilan était seul, et perdu dans ses pensées.


Chapitre 15 : Retrouvés.

Jade et Elthalen s’étaient arrêtés dans une ville, où plutôt, un joli petit village. Ils y avaient trouvé une auberge, de quoi manger et de quoi se laver. En début de soirée, ils sortirent du village et discutèrent longuement sur la marche à suivre. Après une heure de discutions monotones, Elthalen envoya la petite se coucher avec un « au lit renardeau » et il se plongea dans de la lecture X avant de s’endormir.
Au petit matin, ils furent réveillés par une agitation dans la rue. Un groupe d’une quinzaine de soldats solidement armés, fouillant chaque maison et clamant dans tout le village qu’ils tueraient quiconque se rebellerait.
_ Ça craint, commença Elthalen, comment on passe ?
_ Comme si je le savais, rétorqua Jade.
Ils restèrent à regarder les hommes fouiller maison après maison. Jade pris sa forme de renard polaire, blanc et légèrement doré. Elle sortit discrètement par derrière et, suivie du regard par Elthalen, elle s’enfonça dans les sentiers entourés de champs. Cependant, ça aurait été trop beau et en quelques secondes, elle fut repérée. Les hommes se ruèrent sur elle et, dans l’instant où ils s’approchèrent un peu trop, elle redevint la jeune fille qu’elle était alors qu’Elthalen arrivait après avoir sauté par la fenêtre. Jade, en voyant Elthalen, pris la fuite, suivie par les soldats, suivis par Elthalen, poings levés, criant à tue-tête :
_ On ne touche pas aux demoiselles !! Bande de malotrus !!
La suite se déroula si vite que personne ne put dire exactement ce qu’il s’était passé. En quelques coups, en quelques secondes, ne restaient debout que Jade et Elthalen. Ayant ainsi été repérés, ils reprirent leur chemin.




Chapitre 16 : Confrontation

Sabriël et Sivius, en quelques heures, avaient franchis les passages les plus froids. Ils descendaient à présent vers le dernier col, plus bas que le précédent. Épuisés, ils avaient prévu une pause dès qu’un abri se présenterait. Leur marche silencieuse prit fin deux heures après, lorsque, arrivés au dernier col, ils aperçurent des arbres, suffisamment nombreux pour s’y cacher. Après presque une journée de jeun, ils purent manger quelque chose : Sivius avait attrapé un lapin. Ils avaient cependant toujours faim après leur repas. Leurs discutions n’étaient pas nombreuses, et pas très intéressantes. Elles ne le devenaient que lorsqu’on en venait au trajet jusqu’à Trösh. Le problème revenait à chaque fois, il fallait passer le front. De leur emplacement, ils distinguaient toute l’ampleur de la tache : le front était composé de sept lignes de chaque côté, où des hommes croisaient le fer. Ils restèrent immobiles, assis, à regarder les combats. Aucune ligne ne prenait l’avantage, et traverser tout ça allait être une prise de tête.
_ Tu en penses quoi ? Demanda Sivius.
_ Je ne sais pas, répondit Sabriël, reposons-nous, on verra plus tard. On trouvera un moyen de passer.
_ C’est bien ça qui m’inquiète… on fera quoi après ?
_ Je ne sais pas, il faudra qu’on trouve ! On se débrouillera.
_ Tu es si… immature ! Comment penses-tu qu’ils nous accueilleront de l’autre côté ?
_ Cesse donc de te torturer, on improvisera.
_ On… improvisera !?

Sur ces mots, Sabriël s’allongea, puis se releva d’un coup. Debout, elle était sur ses gardes.
_ On improvisera si on y arrive, quelqu’un viens vers nous, annonça-t’elle.
Elle sortit son arme de son fourreau et la tint fermement devant elle. Une forme sortit de l’ombre et fondit sur elle. Sivius discerna les deux éclats argentés qui s’entrechoquèrent lorsque Sabriël para.
_ Qui est-tu ? Demanda-t’il.
L’inconnu, plus grand que Sabriël et largement plus petit que Sivius n’eut que faire de la question posée, et il recula, avant de fondre à nouveau sur Sabriël. Les coups s’enchainaient régulièrement. Cependant, l’inconnu ne faisait qu’attaquer, et Sabriël se contentait d’esquiver et de parer chaque coup. D’interminables secondes s’écoulèrent. Leurs respirations s’accéléraient. Sabriël se stoppa brutalement, et, de manière acrobatique, elle décrivit un demi-cercle autour du mystérieux personnage qui l’attaquait. Elle lui donna un coup avec le dos de la lame sur la colonne vertébrale. Il roula au sol et se releva rapidement.
_ Sabriël ! S’énerva Sivius. Cesse-donc de faire l’idiote et attaque-le !
Elle sourit et lui répondit :
_ Pourquoi ? C’est amusant !
Sivius serra les poings. Après leurs multiples discutions, il avait très bien compris qu’elle l’attaquerait s’il s’interposait. Il se contenta de regarder le combat. Sabriël avait beau n’être qu’une enfant, une adolescente, elle prenait plaisir à se battre, économisant la moindre goute de son sang, faisant couler celui de son adversaire. L’autre semblait surpris par le plaisir que prenait Sabriël à se battre, et il commençait clairement à s’inquiéter de son sort. Ses yeux noirs suivaient le moindre mouvement de la jeune fille. Elle était impressionnante, aucun mouvement n’était superflu. C’était une vraie combattante. Il serra son épée. Elle lui faisait peur, elle, une pauvre… Il réfléchissait encore à ce qu’elle pouvait bien être lorsqu’elle lui donna un coup de pied dans l’estomac, le faisant reculer d’un mètre. Elle était leste, agile, plus petite que lui… et tellement plus forte. Sans compter qu’elle souriait, elle souriait ! D’un éclair de génie et de rage, il frappa deux fois et réussit à la désarmer. Cette action brillante eut deux réactions. D’abord, l’homme cria son prénom, puis elle frappa du pied à l’extrémité de la poignée du jeune homme qui finit lui aussi désarmé. Elle récupéra son épée, laissant sa propre arme au sol, derrière elle. Elle lui planta dans l’épaule. Il hurla. Elle retira prestement l’arme et le frappa d’un coup sec, violent. Désarmé, blessé, fatigué, il perdit connaissance. Sabriël ramassa son arme, l’essuya, la rangea, retira le fourreau de l’épée de la ceinture du garçon qu’elle avait assommé, puis rangea son épée.
_ Sivius, prend son épée, ordonna-t’elle.
Après ce qui s’était passé, il aurait obéi à n’importe lequel de ses ordres, de peur de se retrouver dans le même état que le pauvre garçon. Elle essuya ensuite le sang qu’elle avait un peu partout, sur sa veste, sur son visage. Là, elle découvrit qu’il l’avait blessée à sa joue. Une fine entaille saignait, perpendiculairement à son nez, à sa gauche.
_ Tout va bien Sabriël ? S’enquit Sivius.
_ Très bien, Sivius.

Elle récupéra la bande de cuir qui protégeait son bras gauche et l’enroula sur elle-même. Elle regarda dans son sac et en sortit une bande en tissus. Elle enleva son vêtement et son tee-shirt au garçon et lui enroula le tissu autour de sa blessure à l’épaule.
_ Qu’est-ce que tu fais !?
Sivius en avait assez des décisions prises sur un coup de tête de Sabriël.
_ Ce n’est pas évident ?
_ C’est un ennemi !
_ C’est un enfant !
_ Il est plus grand que toi !
_ Il est plus faible que moi !
_ Raaah Sabriël ! Tu es toujours aussi naïve !
Sabriël continua ce qu’elle faisait. Elle enroula ensuite celle de cuir afin de prévenir d’autres blessures. Elle le couvrit ensuite avec ses vêtements. Lorsqu’elle tourna la tête vers Sivius, celui-ci devint blanc. Elle sourit.
_ Ne t’inquiètes pas, ce n’est rien !
Il soupira longuement. A présent, ils étaient sûrs d’être poursuivis par toute l’armée de leur pays.
_ Bon, j’ai réfléchi au problème, commença Sabriël.
_ J’espère que c’est réfléchi si tu as une idée…
_ Oh ! On ne lui a même pas demandé son nom !
_ Ce n’est pas le sujet !
_ Désolé, il faudrait créer une jolie pagaille, de toute façon c’est plein de soldats par là, puisqu’on est recherché, il suffira qu’on en frappe quelques uns et qu’on fuie vers les Humains !
_ C’est tellement simple exposé comme ça, se lamenta Sivius…

Finalement, ils décidèrent de se reposer quelques heures avant de prendre une véritable décision. Afin de prévenir tout risque, ils dormirent tour à tour, d’abord Sabriël, puis Sivius. Pendant que Sabriël dormait, Sivius partit chercher à manger. Deux lapins furent attrapés. Sabriël se réveilla ensuite, puis Sivius s’endormit. Elle s’étira longuement et fit quelques mouvements dans le vide. L’inconnu ouvrit enfin les yeux. Elle se pencha au-dessus de lui.
_ Bien le bonjour ! Lança-t’elle joyeusement.
Il fut si surpris qu’il ne fit un mouvement, les yeux écarquillés.
_ Tu ne nous as pas dit ton nom…
Il tenta de se redresser sans succès, son épaule lui faisait mal.
_ Tu as peut être faim ?
Elle regarda autour d’elle et vit les deux lapins.
_ Ceilan. C’est mon nom.
Sabriël regarda le garçon.
_ Alors Ceilan, pourquoi tu nous as attaqué ?
Ceilan resta muet. Sabriël haussa les épaules. Elle prépara le repas de fortune pendant qu’il faisait des efforts démesurés pour se redresser. Elle l’aida ensuite à se redresser et s’assit à côté de lui, s’appuyant contre le même arbre que lui.
_ Je m’appelle Sabriël. Lui, là-bas, c’est Sivius.
_ …
_ Hey ! Dit quelque chose !
_ … Pourquoi avez-vous volé le joyau ?
_ J’ai rien volé du tout ! Enfin, je n’ai pas volé de joyau…
_ Alors pourquoi tu restes avec le voleur ?
_ Il m’accompagne.
_ Pourquoi a-t’il volé le joyau ?
_ On lui a confié.
_ Qui ?
_ Secret, il te le dira si tu lui demandes.
Ils restèrent silencieux. Puis, à la grande surprise de Sabriël, Ceilan prit la parole :
_ Pourquoi tu ne m’as pas achevé ?
_ Parce que tu es un enfant.
_ Je suis plus grand que toi !
_ Dans ton cœur, tu es un enfant.
_ Dans… quoi ?
Sabriël pouffa.
_ Je l’ai senti pendant le combat, expliqua Sabriël, tu es encore fragile. Tu n’aurais pas pu me tuer.
_ Je t’aurais tué !
_ Menteur. Tu hésitais.

Après un moment, Sivius se réveilla. Il n’avait pas beaucoup dormi, à peine deux heures. Il se redressa, s’étira. Sabriël chuchota à Ceilan :
_ Regarde, avec tes bêtises on l’a réveillé !
Ceilan se dit que ce n’était pas son problème, et il allait le dire lorsque Sivius s’exclama :
_ Sabriël ! Tu ne peux pas être sérieuse un peu ? C’est dangereux !
Sabriël haussa les épaules, elle savait ce qu’elle faisait.
_ Tu es trop sérieux, c’est pour ça que tu n’as aucun succès auprès des femmes.
Ceilan failli éclater de rire mais il se retint. Sivius s’énerva :
_ Et toi tu vas finir par te faire tuer !
_ Tu aurais préféré que je l’attache ? Et après ?
Ils restèrent tous muets.

Chapitre 17 : De bonnes nouvelles


Elthalen regardait l’horizon.
_ Jade, regarde.
Le petit renardeau blanc devint une jeune fille. Elle regarda l’horizon.
_ Qu’est-ce que c’est ? Demanda-t’elle en désignant la ville haute que l’on distinguait au loin.
_ Notre destination : Trösh. Il faudra être prudent, nous ne serons surement pas les bienvenus.
Jade redevint un renardeau, se secouant, ils reprirent leur route. Marcher encore et encore, jusqu’à-ce qu’ils soient arrivés.
_ Pourquoi allons-nous là-bas ? Demanda-t’elle.
_ Parce que cet endroit me terrifie le plus, répondit-il.
_ J’ai un mauvais pressentiment.
Chapitre 18 : Banzaï !

Arrivés à une dizaine de mètres du camp, quelques mètres derrière le front, Sabriël, Ceilan et Sivius se stoppèrent. Sivius était sous sa forme de loup, Ceilan était assis sur lui, les mains attachées. Il restait muet. Sabriël ne cessait de plaisanter et Sivius était de plus en plus tendu. Sivius regarda Sabriël et lui demanda :
_ Et maintenant ?
Sabriël sourit. Elle attrapa son arme sans la sortir. Ceilan se tint du mieux qu’il le put. Sivius la regarda avec inquiétude.
_ Ne me dis pas que…
Il ne put finir sa phrase. Déjà, elle était partie en courant, tout en criant :
_ Banzaï !
Quelques soldats, incrédules, se retournèrent, puis la suivirent du regard. Elle courait à travers le camp, en ligne droite vers le front. Sivius se lança à sa suite, tandis que Ceilan s’efforçait de ne pas tomber, tout en se demandant dans quoi il s’était fait embarquer. Ils parcoururent aisément la distance jusqu’au front, puis continuèrent, s’incrustant dans la bataille. Recherchés par tout les soldats, leur apparition fut plus que remarquée. La plupart des soldats restèrent muets, concentrés sur la bataille. Les moins actifs s’écrièrent :
_ Ce sont eux ! Attrapez-les !
Cependant, les ordres furent étouffés par le tumulte des combats. Les lames s’entrechoquaient, de tout les sens pleuvaient des coups. Sabriël et Sivius furent remarqués par tous, mais personne n’osa les attaquer. Au milieu de la bataille, plusieurs soldats tentèrent d’attaquer Sabriël, qui les remit à leur place sans même tirer son poignard. Le reste de la traversée se passa sans encombre, autant pour Sabriël que pour Sivius, qui se contentait de sauter au-dessus des rares courageux. Ils durent ensuite traverser le camp Humain, fort peu fréquenté. Quelques mètres plus loin, Ceilan chuta brutalement au sol. Il peina à se relever. Sabriël fit demi-tour, tandis que Sivius reprit sa forme humaine.
_ Ceilan, tout va bien ?
Il hocha la tête, alors que Sabriël l’aidait à se relever. Sivius soupira. Il ne voulait pas avoir à jouer les nounous une minute de plus !
_ Sivius, tu es un gamin ! Allons-y.
Sabriël était la plus petite, et pourtant aucun des deux garçons n’osaient désobéir à ses ordres. Sivius savait qu’elle était plus forte que lui, qu’elle pouvait le tuer, et surtout, qu’elle le protégerait. Alors il ne disait rien. Par moment il lui semblait qu’elle lisait ses pensées.
Elle se retourna brusquement vers le front. Ceilan ne fit plus un mouvement.
_ Ça sent bon… commença-t’elle.
_ Qu’est-ce que tu sens, demanda Sivius, il n’y a que du sang, de la sueur et des cadavres…
Sivius se raidit, les yeux de Sabriël devenaient rouges, petit à petit. Ceilan eut subitement très peur, et il recula brusquement.
_ SABRIËL !
Sivius l’attrapa et l’empêcha de retourner vers le front. Tout redevint normal en quelques secondes. Le vent soufflait. Sivius la secoua.
_ Un Vampire ! Tu es un Vampire !
_ Un… moi ?
Sabriël se retourna vers Trösh, que l’on distinguait, une centaine de kilomètres plus loin. Ceilan se dit que c’était le bon moment pour s’en aller, mais il n’eut la possibilité de faire que quelques mètres avant d’être rattrapé par Sabriël.
_ Toi, tu restes avec nous… Maintenant tu es en territoire ennemi…
Elle le détacha et se servit de la corde pour maintenir son épaule.
_ Voila !
Ceilan se retourna, un peu nostalgique.
_ Comment je vais faire moi ? Demanda-t-il.
_ Dans ton état tu ne peux rien nous faire, alors reste avec nous… On s’arrangera pour que tu ne te fasses pas tuer…
Sivius se dit que ce n’était pas une bonne idée, mais Sabriël était têtue. Ceilan avait très peur de la jeune fille, alors qu’elle était plus petite que lui ! Il en avait honte, mais elle était effrayante. Pour couronner le tout, elle était une Vampire… !

Le silence s’installa, puis ils reprirent leur marche. Ceilan se dit qu’il était un piètre assassin… et que de toute façon son Maitre ne lui pardonnerait pas d’avoir échoué.

Ils marchèrent, encore, Trösh était si loin et si proche à la fois… Il y avait la plaine, une colline, une forêt entre deux montagnes, puis la cité, en hauteur. C’était comme un tableau.
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Sabriël E. Leöl Adsen
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MessageSujet: Re: Le roman d'origine   Le roman d'origine Icon_minitimeDim 10 Oct - 21:31



Chapitre 19 : Incompétence.

Damien suivait les traces de son apprenti. Il arriva enfin là où avait eu lieu le combat. Il examina les traces, regarda le sang… Rien ne montrait que son apprenti avait gagné, et bien au contraire, tout semblait vouloir indiquer qu’il avait perdu. Damien s’arrêta un moment sur la trace, au sol, une grande tâche de sang, imprimant dans le sol l’ébauche d’un corps. Que s’était-il donc passé ? Damien avait perdu, c’était quasiment certain, et pourtant… il n’était pas là. D’un autre côté, il aurait du rentrer en laissant les deux corps s’il avait gagné. Prisonnier ?
_ Celui-là alors…
Il continua son chemin, puis il les aperçut, au loin, marchant tout trois en direction de Trösh. Ils étaient lointains, sur la plaine, marchant lentement. Damien plissa les yeux mais il ne put en tirer que trois silhouettes. Il regarda le tumulte qui régnait encore dans la bataille, à quelques centaines de mètres, plus bas. Les lignes étaient désorganisées, que se soit d’un côté comme de l’autre.
_ Quel bazar…
Il se rendit dans le premier camp, demanda un cheval, ou plutôt, réquisitionna un cheval et s’en alla, à cheval, à travers le front. Il prit exactement le même chemin que les trois autres, et passa avec autant de facilité. Traverser une bataille n’était donc pas si compliqué… à cet endroit.


Chapitre 20 : Arrivés.

Elthalen et Jade arrivèrent à Trösh en deux jours. Ils furent soigneusement fouillés. Les elfes se ressemblaient tous, aux yeux bleus éclatants et à la chevelure dorée. Ils avaient tous les oreilles pointues, les mêmes couleurs revenaient sur leurs vêtements. On distinguait du jaune, du vert, du marron. Pas une trace de bleu mis à part dans leurs yeux. Il n’y avait que peu d’étrangers, étroitement surveillés par les gardes présents à tous les croisements. La cité était construite en spirales qui remontaient vers le palais, d’une simplicité et d’une pureté remarquable.
_ Quelque chose à déclarer ? Nous vous demandons de ne pas rester trop longtemps dans la cité.
Jade se tourna vers le palais. Elthalen répondit au garde d’un hochement de tête. Les deux voyageurs étaient à présent en sécurité, pour quelques jours. Les Elfes étaient une race particulièrement respectueuse, particulièrement isolée, et particulièrement peu bavarde. Ainsi, il n’y avait pas une parole dans la rue, les marchands ne criaient pas, les enfants jouaient calmement. De temps à autre, un enfant pleurait, parce qu’il était tombé. Cette cité était en paix. Ils prirent deux chambres dans une auberge, Elthalen précisa à Jade qu’ils n’auraient bientôt plus d’argent. Jade ne l’écoutait pas, elle regardait fixement un homme. Ses vêtements étaient recouverts par un long manteau noir, ses cheveux étaient noirs également. On l’aurait dit tout droit sorti des ténèbres. Elthalen la secoua. Elle arrêta sa contemplation et se retourna. Ils montèrent dans leurs chambres, l’homme avait disparu. Dans sa chambre, Jade se laissa tomber sur le lit.
_ Et maintenant… que faisons-nous ?
Elle parlait toute seule, dans le silence de la cité. Elle se retourna plusieurs fois, et finalement se transforma en renardeau. Elle se mit en boule sur l’oreiller et s’endormit profondément.

Chapitre 21 : Tournure décisive.

En une journée et demie, Sabriël, Sivius et Ceilan étaient au pied de la cité elfique. Ils eurent beaucoup de mal à y entrer bien qu’ils aient camouflés les armes de Ceilan et Sabriël, ils restaient méfiants à cause de la blessure de Ceilan. Sabriël avait serré sa capuche, on ne voyait que son visage, légèrement entaillé. Ils purent entrer après de longues discutions entre les gardes et Sivius, qui emmenait « ses enfants » en voyage. Une fois entrés, ils durent trouver une auberge. Ils prirent la première venue, et pendant que Sivius prenait les deux chambres, Sabriël emmena Ceilan chez un médecin. Celui-ci, certes très alarmé par la blessure de Ceilan, décréta que l’épaule n’était pas fracturée, que Ceilan avait de la chance que l’arme se soit arrêté juste avant l’os, et qu’il devait l’immobiliser deux semaines. Il lui fit ensuite un bandage solide, lui vendit une attèle qui tenait le tout et ils partirent.
Ils retournèrent ensuite à l’auberge. Le soir arrivait vite. Sivius refusa catégoriquement de partager sa chambre avec Ceilan, il en avait assez de jouer les gardiens d’enfant. Sabriël dut donc partager sa chambre avec Ceilan. A vrai dire, cela lui importait peu, car elle ne dormirait sûrement pas avant d’avoir fait le tour de la ville. Ainsi, elle laissa Ceilan, à présent désarmé et blessé, il représentait un danger à peu près aussi important qu’un moustique, et elle grimpa sur le toit en passant par la fenêtre. Elle aperçut, dans l’auberge en face, un renard blanc sur un lit. Elle le regarda un moment puis continua son chemin vers les hauteurs de Trösh. Elle fit le tour de la ville en deux heures, inspectant les moindres recoins. Sans se faire attraper par les rabat-joie qui faisaient leurs rondes, elle regagna sa chambre, par la fenêtre. Ceilan dormait dans le seul lit de la chambre. Elle se trouva de la place au fond du lit et s’endormit sans difficultés.

Le lendemain matin, Ceilan se réveilla en premier, assez surpris de voir Sabriël, allongée sur lui, la tête sur son ventre. Il se recula et s’assit. Il se mit à rougir, la trouvant drôlement mignonne lorsqu’elle dormait… et plutôt effrayante en version réveillée. Il secoua la tête en reprenant une couleur normale et se leva, au même instant la porte s’ouvrit, laissant apparaître Sivius, visiblement mal réveillé.
_ Debout !
Sabriël se retourna et tomba du lit. Elle se réveilla et s’assit brusquement. Elle laissa l’épée de Ceilan sous le lit et fixa sa propre arme dans son dos. Sa veste la cachait parfaitement. Elle se secoua et ils sortirent ensuite. Le ciel était clair, sans nuages. Sabriël se camouflait derrière sa capuche, derrière Sivius. Ceilan, lui, marchait en suivant les deux autres, l’air absent. En sortant, ils croisèrent un homme et un renard blanc, ce même renard que Sabriël regardait par la fenêtre. Ils se regardèrent. Le renard devint une jeune fille, plus grande que Sabriël, à peine plus petite que Ceilan. L’autre inconnu regarda le torse de Sivius, à l’endroit même où était le joyau. Sivius recula, Sabriël se raidit, Ceilan se mit à trembler, les deux inconnus regardèrent à gauche. Une flèche se planta entre l’inconnu blond et Sivius. Tous se tournèrent vers la gauche. En hauteur, sur une maison, un jeune Elfe se tenait droit et les visait déjà avec une autre flèche. Il avait une vingtaine d’années, les mêmes cheveux blonds et les mêmes yeux bleus que l’on retrouvait chez tous ceux de son espèce. Il prit la parole, s’adressant directement à l’une d’entre eux :
_ Comme ils me l’avaient dit, tu es revenue, Sabriël.
L’intéressée s’avança.
_ C’est la première fois que je viens ici.
L’Elfe sauta et se plaça devant elle, à quelques mètres. Il la regardait comme on regarde une épluchure de banane, il la haïssait. Il visa sa tête.
_ Toi qui a trahit notre race entière, tu n’aurais jamais du exister !
Sabriël ne comprenait pas tout à fait, mais elle voyait qu’il ne l’appréciait pas vraiment. L’inconnu blond se dressa devant elle, elle recula, Sivius l’attrapa et la tira en arrière.
_ Lâche…
Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase, coupée dans son élan par le blond inconnu :
_ Désolé, mais ce n’est pas possible. Cette jeune fille est sous notre protection désormais.
Sabriël accueilli la bonne nouvelle… pas aussi bien qu’elle aurait dut, se libérant de la prise de Sivius, donnant un grand coup de coude à l’inconnu qui la protégeait, se plaçant devant celui qui essayait de la tuer.
_ Je n’apprécie pas trop que des gens essayent de me tuer sans que je sache pourquoi… Serais-ce trop demandé de t’expliquer ?
_ Comment oses-tu ? A cause de toi, parce que tu es née… Ma mère est morte !
_ Ah, j’en suis désolée, mais…
_ Tais-toi !
La foule s’était regroupée en cercle autour d’eux.
_ Si seulement tu n’étais pas née, si seulement ! Tout ça ne serait pas arrivé ! Tu n’as pas le droit d’exister !
Sabriël se raidit, ces mots ne lui plaisaient pas, elle en avait assez. Une puissante rafale de vent découvrit son capuchon et chacun poussa un cri de stupéfaction. Oui, elle était une Elfe, oui… mais pas que…

Chapitre 22 : La fin du voyage, le début d'un règne.

Les gens autour du groupe étaient devenus très bavards, puis subitement, le silence s'était réinstallé. Deux personnages arrivaient par la droite, habillés en vert et blanc, portant une écharpe bleue. La plupart des personnes présentes s'inclinèrent. Le jeune Elfe également. Sabriël se tourna vers les nouveaux arrivants.
_ Comme prévu, tu es là, dit le premier, ton père a été plus malin que nous.
_ Qui est mon père ? Demanda Sabriël.
_ Silence, ordonna le second, tu n'as pas à t'adresser à nous, toi qui a souillé notre sang pur.
_ Il y a quinze ans, nous t'avons condamnée. A présent, tu ne peux plus fuir. Accepte ton destin !
Sabriël se tint droite devant eux, sous les regards inquiétés et incrédules.
_ Je ne me souviens pas avoir été condamnée, et surtout, je ne tiens pas à mourir. Je suis là pour retrouver mes origines, pour savoir qui étaient mes parents, je suis là pour savoir... Qui que vous voyez, je me battrais pour savoir !

Les deux hommes rirent un instant.
_ Les jeunes sont bien insolents maintenant...
Le premier leva la main, faisant apparaître deux rangées de soldats, alignés sur les toits, arc armé et prêts à tirer. Sivius et le blond se mirent de chaque côté de Sabriël. La jeune transformatrice chuchota à Sabriël :
_ Je m'appelle Jade, lui c'est Elthalen.
Le second homme à l'écharpe bleue ordonna :
_ Tirez !
Les dizaines de flèches partirent. Aux yeux de tous, alors que personne ne s'y attendait, un éclair bleu sortit des vêtements de Sivius. L'éclair devint un écran, l'écran une sphère qui entoura rapidement le groupe, faisant voler en éclat les flèches. Sivius sortit le joyau qui brillait d'un éclat pur. Les yeux de Sabriël étaient l'un bleu et l'autre rouge. Ils étaient envoutants, captivants. Personne n'osa un mouvement. La lumière bleue faiblit, devint peu à peu une pluie de lumière, disparaissant en touchant le sol. Les deux hommes aux écharpes bleues tombèrent à genou, chacun y allait de son petit commentaire. Jade et Elthalen sourirent. Sivius était ébahi. Ceilan tomba à la renverse. L'Elfe inconnu laissa tomber son arc. Sabriël brillait, comme parcourue de petits flammes bleues, regardant ses mains, ses bras.
_ L'Héritier... commença Monsieur Écharpe numéro un.
Le gène s'installa, perdurant, le silence était ponctué de quelques « oh », « ah » et autres sons variés.

L'immobilité fut rompue par une silhouette, fine, élancée, se jetant sur Sabriël. La silhouette tenait une épée, arrivant par les airs. Tout les yeux suivirent la scène, l'épée qui frappa violemment contre l'Armure que Sabriël avait mise en protection. Sivius, Elthalen et Jade tirèrent Sabriël en arrière.
_ Maitre Damien ! S'écria Ceilan.
_ Tais-toi incapable, répondit-il, tu as vu dans quel état tu es ?
Sabriël protesta vivement envers ceux qui la tiraient. Elle s'énerva pour de bon lorsque Damien s'écria :
_ Quand j'en aurais fini avec elle, se sera ton tour Ceilan !
Ceilan, lui, avait peur de tout le monde et se sentait vulnérable. Il avait profété du désordre pour se mettre en retrait, adossé et accroupi contre un mur. Sabriël continuait à scintiller, le corps parcouru de multitudes de flammes bleues. Son œil gauche scintilla également, le bleu devint plus clair. Son œil droit prit une couleur rouge sang. Elle sauta en arrière, trompant la vigilance de ceux qui la protégeaient et s'échappa vers la droite, grimpant gracieusement au mur, puis sur le toit, courant et sautant à travers la ville. Damien, lui, s'était esquivé dans la même direction, suivant les pas de la jeune fille. Elle réussit à le semer, slalomant habilement dans toutes les rues qu'elle avait visité lors de sa promenade nocturne. Elle ne brillait plus, comme si elle se cachait instinctivement. Sur la place, il régnait un désordre incroyable. Tout d'abord, Sivius, Jade et Elthalen étaient partis à la recherche de Sabriël. Le jeune inconnu qui les avait attaqués les avait suivis. Ceilan avait disparu. Les hommes aux écharpes bleues étaient repartis. La population accumulée dans la petite ruelle était sous le choc, les nouvelles avaient déjà fait le tour de la ville, et quelles nouvelles ! L'Héritier était une elfe, une jeune elfe condamnée à mort. Une elfe de sang mêlé !

En quelques minutes, deux groupes s'étaient rassemblés, ceux qui étaient, d'après leurs dires, du côté de la justice, et qui voulaient tuer Sabriël pour la raison initiale et ceux qui voulaient la reconstitution de l'ancienne royauté, et qui donc protégeaient l'Héritier. Mais l'Héritier en question avait disparu, aussi discrètement que ceux qui la cherchaient. Un long moment passa, d'heures en heures, tout s'assombrissait, tout semblait avoir été rêvé. Les passants reprenaient leurs activités, petit à petit la ville se plongeait à nouveau dans le silence.



Chapitre 23 : Sang royal.


Ceilan s'était réfugié dans les petites ruelles. Il ne savait vraiment pas où aller, où fuir. Il savait très bien ce qui arrivait à ceux qui abandonnaient leurs missions, ou qui, comme lui, échouaient lamentablement. L'Empereur n'y allait pas par quatre chemins : ils étaient ciblés, recherchés, trouvés, tués et oubliés. Et ce n'était certainement pas quelque chose d'agréable. Ainsi, le jeune homme se demandait comment il allait se débrouiller pour rester en vie. Fort heureusement, Damien semblait fort impliqué dans l'histoire du joyau et de la jeune elfe que tout le monde appelait, plus ou moins joyeusement, « L'Héritier ». Il se souvenait encore très clairement de la couleur de ses yeux lorsque ses sens de vampires s'étaient réveillés. Elle était terrifiante. Tout en réfléchissant, Ceilan ne pouvait s'empêcher de repenser à elle comme la jeune fille endormie, allongée sans défense... comme à une jeune fille mignonne..

Il reprit sa course lorsqu'il entendit du bruit. En quelques minutes, il avait parcouru la moitié de la ville. S'arrêtant au bout d'une rue, il s'appuya contre un mur. Un homme sortit de nulle part – en fait, juste de derrière Ceilan – et il l'attrapa, l'empêchant de crier et de bouger, ce qui n'était pas très dur.
_ Tu sens bon... Commença l'inconnu.
Ceilan se débattit, puis il fut soulevé et plaqué contre le mur.
_ Ce n'est pas toi... qui sens bon... Dommage, j'aurais bien pris un bon petit déjeuné. Bon, tu vas m'écouter attentivement : je cherche une fille qui a du sang de vampire, tu vois le genre... ? Bon en fait tu as son odeur... c'est la même que l'autre type... fichue odeur, odeur nocive ! Tu vois c'est pas compliqué, les membres d'une famille ont en général une odeur très proche. Donc je situe à peu près qui tu es... lorsque je connais tes parents. Quoi qu'il en soit tu m'importes peu. Je veux la fille. Ou est-elle ?
Il se contenta de desserrer ses doigts, laissant à Ceilan la possibilité de parler.
_ Je... je ne sais pas...
_ Oh... quel dommage... J'ai vraiment la poisse. Je n'arrive même pas à sentir sa présence... quelle jeune fille étrange !
Ceilan distinguait l'inconnu, un homme assez massif, grand, aux cheveux foncés et aux yeux... rouges. Il portait un pantalon et une chemise noire et n'avait pas d'armes sur lui. Il le maintenait d'un seul bras, sans forcer, d'une manière assez bizarre, Ceilan ne pouvait pas bouger, mais en même temps il n'avait pas mal, ce n'était pas brutal. En y repensant, la fille qu'il cherchait était forcément Sabriël. Mais il ne savait vraiment pas où elle était, et c'était un problème pour lui également. Elle était sans doute la seule qui pouvait faire face à Damien, et qui pouvait lui sauver la vie. Si elle arrivait toute fois à sauver la sienne. Mais Ceilan ne voulait pas non plus que Damien ne meure !
_ Tu ne sais vraiment pas hein...
Il soupira en fermant les yeux. Une jambe sortit de l'ombre et les sépara. La jambe était visiblement celle de Sabriël, qui était un peu essoufflée
_ Qui es-tu ? Demanda-t'elle.
Il parut surpris, et content de ne pas avoir à chercher à l'aveuglette.
_ Ah ! Trouvé ! Je m'appelle Lerin, je suis un chasseur, vous savez, les gens qui recherchent d'autres gens. Bon bah voilà, moi, on m'a dit de trouver la personne, une jeune fille, qui portait la même odeur qu'un certain type. Il paraitrait que se soit son père. Bon bah vous avez compris n'est-ce pas ? Et donc le type m'a payé pour te ramener vers lui... enfin pour te récupérer quoi. Donc là tu as deux options : soit tu viens gentiment avec moi, soit tu viens quand même avec moi, mais je serais moins gentil.
Lerin avait fini son discours avec un sourire éclatant. Sabriël avait calmement écouté, ne montrant aucune expression particulière, froide, silencieuse.
_ Je ne viens pas.
Elle se retournait en prononçant la phrase, attrapant Ceilan par le col.
_ Tu viens.
C'était un ordre, donné d'une voix autoritaire et pressée. Elle entraina Ceilan avec elle sur deux mètres, avant de le pousser droit devant, de se retourner brusquement et d'utiliser son Armure pour bloquer le bras que Lerin tendait vers elle.
_ Je ne viens pas. Je ne répèterais pas.
Lerin lâcha prise, presque pris au dépourvu, surpris par la rapidité de Sabriël. Elle se retourna à nouveau, fit signe à Ceilan et s'éloigna. Lerin l'apostropha :
_ Je suis obligé de te ramener, je te laisse quelques heures, et après je viendrais te chercher.
Elle ferma les yeux et continua son chemin silencieusement. Ceilan suivit, non pas parce qu'il lui faisait confiance, mais parce qu'il avait peur de rester seul. Or la seule présence réconfortante qu'il avait trouvé était une petite de quinze ans, poursuivie par tout un groupe de soldats armés, par la grande majorité des Elfes, par les Humains et les Demi-Elfes, par Damien, le propre maitre d'armes de Ceilan, et même, elle était recherchée par ses protecteurs, ses amis... Et le seul qui ne la cherchait pas l'avait trouvé. Quelle ironie !
_ J'ai compris beaucoup de choses, dit-elle, des choses que beaucoup n'imaginent même pas, j'ai entendu des choses, j'ai entendu un homme... Il me parlait, il m'appelait. La voix était plus forte lorsque Sivius était plus près, je l'entendais très clairement. Désormais ce ne sont que des murmures, et par moment de longs silences. « Il » répond à mes questions, à des questions dont je ne veux pas toujours les réponses. Et il reste des questions qui n'ont pas de réponses. Je ne sais pas où je suis, ce que je dois faire. Ce ne sont pas des questions auxquelles on a déjà la réponse...
Ceilan resta muet. Il se demandait où Sabriël avait passé les quelques heures depuis leur séparation. Comme pour y répondre, elle lui expliqua :
_ Je suis allée sur les toits, j'ai traversé deux maisons et j'ai semé l'autre dans les petites ruelles. Ensuite, je suis allée dans une sorte de restaurant et j'ai écouté la voix.
Ils s'arrêtèrent juste avant d'arriver à la grande allée qui serpentait jusqu'en haut.
_ Damien te cherche. Tu ferais mieux de t'en aller, où de trouver une bonne cachette.
_ Où vas-tu Sabriël ?
_ Je ne sais pas. Je vais surement aller au grand bâtiment là-bas, c'est une sorte de palais pour le roi.
_ Je vois. Je vais...
_ Tu ne peux pas venir avec moi, coupa Sabriël, je dois y aller seule. Désolé.
_ Pourquoi ? Demanda-t'il.
_ Parce que... je suis la fille de quelqu'un de spécial ... Hum... comment te dire, je ne suis pas sure d'être bien reçue. Je vais voir leur roi, ou leur pape, ou peu importe en réalité...
Ceilan se résigna facilement, faisant demi-tour, il s'arrêta.
_ Il nous suit. Tu devrais être en sécurité avec lui. Il n'a pas l'air méchant, mais je le soupçonne de travailler pour des personnes peu aimables à mon égard.
_ Je...
Sabriël ne le laissa pas répondre plus, se retournant à son tour, faisant irruption dans la grande allée sous les yeux étonnés des passants qui ne l'avait pas vue dans la ruelle. Elle ignora les regards et marcha droit vers le haut de la route. Elle mit quelques minutes à grimper, quelques minutes qui suffirent à annoncer la nouvelle à toute la ville ou presque. Déjà, les curieux se rassemblaient. Les soldats et autres gardes surveillaient les groupements, Sabriël marchait rapidement, quelques minutes supplémentaires et elle se tenait droite, plantée devant le palais. Elle n'eut pas le temps d'admirer la finesse et la simplicité du bâtiment, le Roi était là. Il était, soyons francs, d'une immense beauté. Jeune, il semblait naïf, enfantin. Il leva la main et personne ne fit un geste. Les cheveux blonds dorés du Roi étaient brillants, comme sortis d'un songe. Ses yeux bleus étaient tels des lapis-lazuli, bleus aux paillettes dorées. Il souriait. Son discours fut franc et bref :
_ Je te souhaite la bienvenue, bien que mes conseillers s'y opposent, tu peux entrer en mon palais, tu es mon invitée.
Sabriël ferma les yeux, sans salut, sans courbettes, elle s'avança vers le roi.
_ Je m'appelle Sabriël, mais vous devez le savoir. Je vous remercie, je souhaite... j'espère que nos relations ne seront pas salies par les évènements passés.
_ Je t'en prie Sabriël. Mon nom est Derwan.
Les deux personnages se dirigèrent ensemble vers l'entrée. Ils entrèrent, avancèrent, puis Derwan commença la discutions :
_ Mes conseillers pensent que ton existence ne doit pas être permise. Je pense qu'ils sont trop attachés à leurs traditions.
_ C'est grâce à cela que les Elfes sont encore une race libre.
_ Certes, mais il devrait y avoir des limites. En plus tu es spéciale, car te tuer provoquerait une guerre entre mon peuple... et celui que tu représentes.
_ Oui. Savez-vous où se trouve mon père ?
_ Votre père a disparu, cela fait quelques jours que personne n'a de nouvelles. Toute la communauté des Vampires te recherches, soit pour te tuer, soi pour te protéger.
_ J'ai cru comprendre en effet.
_ Les Vampires sont majeurs à leurs Seize ans, ainsi tu es encore dans l'incapacité de régner.
_ Mon père est vivant.
Une longue pause suivit. Ils étaient arrivés dans une grande salle, une chambre.
_ Ta chambre, indiqua Derwan, j'espère que tu t'y plairas.
_ Je ne pense pas y rester longtemps malheureusement. J'ai beaucoup de choses à faire, plus ou moins importantes, plus ou moins pressantes.
_ Je me dois de te présenter quelqu'un, même si tu l'as déjà vu. Entre.
Le dernier mot s'adressait au jeune Elfe qui entra, celui qui les avait attaqués auparavant, devant Jade et Elthalen.
_ Voici Raphaël... ton frère.
Sabriël resta silencieuse, comme si elle réfléchissait, sans vraiment le faire. Elle ne dit rien de particulier, rien d'important, tout ce qu'elle pensait était résumé en un seul mot :
_ Désolé.
Elle se dirigea ensuite vers la fenêtre, s'appuyant contre les barreaux en spirales. Elle était troublée par tout ce qui se passait, comprenant à moitié les problèmes qui l'attendaient.
_ Je dois y aller, annonça-t’elle, j'ai encore des choses à faire.
_ Dois-je... Commença Derwan.
_ J'y vais seule, répondit-elle, merci.
Elle se dirigea ensuite vers la porte, bloquée par deux hommes.
_ Nous ne vous laisserons pas...
Ils n'eurent pas le temps de finir leur phrase, en deux bonds elle était derrière eux. Elle disparut en quelques secondes, s'esquivant avec facilité à travers les couloirs. Elle profitait de la pénombre, des emplacements étroits, de petites ouvertures. En quelques minutes, elle était dehors.

Les quelques minutes qu'elle avait passé à l'intérieur avait suffit à faire apparaître de magnifiques nuages gris et noirs dans le ciel. Plus un brin d'air ne secouait les branches. Sabriël s'avança prudemment derrière le palais. Il n'y avait d'habitations, juste quelques terrains désertiques. Elle s'immobilisa et sembla écouter autour d'elle. Elle tourna la tête à gauche, puis suivit cette direction, en ligne droite. Quelques arbres s'étaient rassemblés à cet endroit. Une ombre sortit de l'abri des arbres. L'ombre était un loup. Le loup était Sivius. Celui-ci reprit sa forme humaine en quelques instants.
_ Sabriël !
Elle lui fit signe de se taire. Trop tard. En une fraction de seconde, deux êtres étaient arrivés, suivis d'un autre. Ils semblaient se disputer, ou plutôt se battre à moitié. Ils se précipitèrent sur Sabriël dès qu'ils la virent. Elle eut deux réflexes en simultané : elle poussa Sivius et elle sauta en arrière, ce qui, à la fin, revenait à faire tomber Sivius à plat ventre en l'utilisant comme tremplin. Elle reconnut sans peine Damien, Lerin et Ceilan. Entre autres, Ceilan tentait désespérément d'arrêter Lerin et Damien. Damien voulait tuer Sabriël. Au final, ils s'étaient tous précipités sur Sabriël et ils avaient tous raté leur cible qui se déplaçait de plus en plus facilement. Lerin, en apercevant tout le monde rassemblé sous les arbres et devant lui, s'en alla discrètement par là où il était venu. Entre temps, Sabriël avait fait signe à Sivius de récupérer Ceilan, ce qui fut fait dans la seconde. Damien s'était quand à lui jeté sur Sabriël et celle-ci avait à nouveau esquivé. Damien était armé d'une épée qu'il maniait tel un artiste, avec cependant une précision terrifiante. Malheureusement pour Sabriël, Sivius et les autres, Ceilan se libéra de la protection de Sivius et se dirigea sur Sabriël. Damien, saisissant sa chance, fit volte face et se retrouva devant Ceilan, lui assenant un coup vertical. Afin de protéger Ceilan, Sabriël s'interposa. La seconde suivante, un genou au sol, elle regardait le long filet de sang qui barrait son torse. Haletant, elle réussit tout de même à se lancer en arrière pour esquiver le coup suivant.
A ce moment là, Jade sortit de son abri, suivit d'Elthalen. Ils se joignirent à la bataille, Elthalen aux côtés de Sabriël, notamment pour l'aider à se relever, et Jade vers Ceilan afin de le faire fuir. Ceilan ne cessait de répéter :
_ Pourquoi m'as-tu... protégé ?
Haletante, Sabriël s'était déjà levée, alors qu'Elthalen faisait de son mieux pour l'en empêcher, afin qu'elle ne se blesse pas davantage.
_ Je vais... bien.
Elthalen ne la croyait bien évidement pas, mais il ne put l'arrêter.
_ Sivius, l'épée de Ceilan.
Il la lui donna. Sabriël la tint fermement, afin de ne pas la faire tomber. Elle déplaça soigneusement ses jambes de manière à rester stable. La blessure semblait tout de même grave, mais elle ne voulait pas s'enfuir, elle savait parfaitement qu'ils ne le pourraient. Elle serra les dents. Elle utilisa Elthalen comme appui pour se lancer vers Damien, qui attendait patiemment. Les deux se mirent en garde, face à face. Damien sourit.
_ Tu comptes m'affronter dans ton état ?
Sabriël ne répondit pas, immobile. Sivius s'éloigna, attrapant Ceilan. Jade et Elthalen restèrent immobiles. Sabriël tourna la tête vers Sivius. La voix venait de lui, elle était forte lorsqu'il était là et s'estompait dès qu'il s'éloignait.
_ Sivius... commença-t’elle.
_ J'arrive ! Coupa Damien en attaquant.
Sabriël para de son bras droit, glissa et roula sur quelques mètres, propulsée par la force du choc. Elle se releva tant bien que mal, au moment où Damien attaquait à nouveau. Elle glissa à nouveau, allongée au sol elle avait attrapé l'épée de Damien de sa main droite. L'acier de l'Armure allait être très abimé et Maitre Windoc assez énervé, mais ce n'était pas le plus gros problème qui se posait à la jeune fille. L'épée glissa et elle la poussa afin qu'elle se plante dans le sol. Sabriël se sentait partir. Sa blessure ne semblait pas mortelle, mais elle perdait du sang. Elle voyait flou. Plus personne n'osa bouger. La pluie se mit à tomber, solitaire et silencieuse. La lame de l'épée était plantée dans le sol à quelques centimètres de la tête de Sabriël. Damien l'enjamba et s'appuya sur elle pour l'empêcher de bouger. Soudain, quelque chose d'indéterminé vint percuter Damien. L'objet tomba sur Sabriël. Elle ferma les yeux un instant, puis les rouvrit brusquement. La voix était plus forte. Sivius regardait Sabriël, agenouillé.
_ Prenez-le, Majesté.
Jade devint renardeau, elle s'approcha habilement des deux combattants. Damien restait sans voix. La jeune Elfe-Vampire se redressa légèrement, contemplant le joyau bleu brillant, posé sur elle. Sabriël entendait une voix d'homme, un homme qui lui parlait comme s'il était face à elle. « Prend-le » disait-il, « Chéris-le, aime-le, utilise-le... » Elle le saisit de sa main gauche, haletante, elle ne dit rien, mais tous comprirent.

Elle était là.
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Sabriël E. Leöl Adsen
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MessageSujet: Re: Le roman d'origine   Le roman d'origine Icon_minitimeDim 10 Oct - 21:34

Chapitre 24 : Devoir et responsabilités.

En quelques secondes, Sabriël avait retrouvé ses forces. Les personnes présentes étaient trempées jusqu'aux os. Elle avait réussi, en profitant d'un moment d'inattention, à dégager une de ses jambes et déjà, elle envoyait valser Damien d'un coup de pied. Sans le vouloir, elle avait utilisé le pouvoir du joyau, et Damien avait été envoyé à quelques mètres, avant de rouler au sol. Elle avait réussi à se relever avant lui et avait récupéré une bonne partie de sa mobilité. Sa blessure était toujours aussi ouverte et elle saignait toujours autant. Son œil droit scintillait, la couleur rouge était envoutante. Le joyau continuait d'étinceler dans sa main. La voix disait « défend-toi, combat-le » mais elle restait immobile. Damien reprit enfin ses esprits et attaqua. Personne n'osa bouger. L'épée entailla son visage. L'entaille saigna, elle n'y voyait plus que d'un œil. Quelques spectateurs étaient arrivés. Le combat finit rapidement, après quelques coups esquivés, elle utilisa sa main droite pour désarmer son adversaire. Elthalen le vit et il se dressa, s'approcha des deux combattants et récita quelques phrases dans un dialecte inconnu de la jeune fille. Aussitôt, un rayon sortit de ses deux doigts tendus et transperça le cœur de Damien.
_ Maitre Damien ! Ne put s'empêcher de crier Ceilan.
Sabriël, dès le combat fini, s'évanouit simplement. Raphaël sortit de l'ombre et vint soigner sa demi-sœur. La pluie continua à tomber.

Le lendemain, aux alentours de midi, Sabriël se réveilla dans la chambre du palais qui lui avait été réservé. Elle s'assit sur le lit et contempla la décoration. C'était d'un goût simpliste, les décorations étaient de simples gravures dans les murs blancs, parsemés de quelques rares paillettes dorées. Le lit était au milieu de la pièce, relié aux quatre coins par des pans de tissus blancs et bleus. Les draps étaient bleus également. Elle portait une chemise de nuit blanche. Le joyau était fixé à une chaîne à son cou. Elle se tourna et posa les deux pieds au sol. Le mouvement pourtant simple lui avait demandé plusieurs secondes d'adaptation. Elle était recouverte de bandes blanches et parfois un peu ensanglantée. Elle n'y voyait que d'un œil, l'autre était soigneusement bandé. L'œil restant était le gauche. Elle se leva finalement, fit quelques pas vers la fenêtre et s'appuya contre les barreaux sculptés. Sa tête lui tournait et elle y voyait parfois flou. Elle s'assit contre les barreaux blancs, parcourant la grande ouverture. Le soleil était haut dans le ciel, plus aucun nuage n'assombrissait l'immensité bleue.

Un son se fit entendre. La porte s'ouvrit, laissant apparaître Raphaël et deux servantes. L'une d'elles tenait une serviette, quelques bandes et d'autres objets divers. L'autre portait des vêtements. Sabriël le regarda attentivement, comme pour lire dans leurs pensées, comme si elle essayait de voir derrière elles. Elle resta en transe, devant la fenêtre, assise par terre. Raphaël s'avança.
_ Tu es réveillée, enfin. Comment te sens-tu ?
Pas de réponse. Elle tourna la tête.
_ Je n'arrive pas a me souvenir.
Il s'approcha encore.
_ Je ne me souviens pas de son visage, de sa voix... je ne me souviens pas d'elle...
_ De qui ?
_ Je ne me souviens de rien de ma vie ici, de mes premières années... Je fais des cauchemars toutes les nuits...
_ Mère était belle, heureuse, resplendissante. Elle rayonnait. Elle était fière de... ses enfants. Elle voulait le meilleur pour eux. Puis elle a rencontré cet homme, un Vampire, ton père. Il était beau également, il l'a charmé. Et puis tu es née. J'étais encore jeune. Tu étais une Elfe aux cheveux noirs, noirs comme le jais, et tes yeux étaient bleus, d'une pureté encore jamais vue. Mais tu étais destinée à mourir avant même ta naissance. Les Elfes de Sang-mêlé ne sont pas tolérés, ils ne doivent pas exister, on ne doit pas y penser. Alors Mère t'a caché, les premiers mois, la première et la deuxième année. Mais « ils » l'ont découvert. « Ils » sont venus, « ils » l'ont prise et toi aussi. Vous avez été jugées, et condamnées à mort pour Haute Trahison. Mais ton père est venu te chercher, il t'a sauvé juste avant l'exécution, il t'a emmené avec lui. C'était trop tard pour Mère. Elle était déjà...

Le silence s'installa. Elle déchiffrait avec peine tout ces rêves qui la dérangeaient chaque nuit. Elle ne pouvait pas se souvenir, elle n'y arrivait pas. Son esprit se fermait, il bloquait sa réflexion. Elle se rendit compte que quelque chose interférait, quelque chose ne voulait pas qu'elle s'en souvienne, qu'elle le sache... Mais quoi ? Qui ? Qu'est-ce qui pouvait bien fermer ses pensées ? Bloquer son esprit ?
Moi je peux.
La voix était claire, elle résonnait dans son esprit. Raphaël ne l'entendait pas.
Qui es-tu, pensa-t'elle, que veux-tu ?
Elle n'eut pas de réponse. Fallait-elle qu'elle devine ? Raphaël la dévisageait, elle s'était levée et regardait dans le vide, absente. Il la secoua.
_ Allo ?
Elle reprit ses esprit et se dégagea. Perturbée, elle sortit de la chambre en marchant. A chaque pas elle ressentait la douleur de ses blessures. Elle franchit la porte sous les regards médusés des deux servantes.
_ Vos blessures ? Demandèrent-elle. Comment vous sentez-vous ?
Pas de réponse. Elle continua son chemin en leur tournant le dos. Elles la suivirent.
_ Majesté il faut...
Sabriël se retourna.
_ Je... pas encore, je ne suis pas encore prête pour ça.
_ C'est ton destin, intervint Raphaël, si tu ne l'accepte pas alors je te tuerais. Nous ne pouvons te tuer car tu es la digne Héritière, mais si tu refuses ce rôle nous ne nous gênerons pas.
_ Comment peux-tu parler au nom de tout tes semblables ? Demanda-t-elle. Je ne sais même pas ce que je dois accomplir !
_ Tu es l'Héritier, tu...
_ Je suis moi ! Et je n'ai de comptes à rendre à personne.
_ Des centaines de personnes t'attendent ! Tu ne peux pas refuser de faire ton devoir.
_ Il y a deux jours j'étais quelqu'un de tout à fait normal, et aujourd'hui je suis toujours pareille !
Elle serra les poings avant de le laisser et de s'en aller. Il resta immobile. L'Héritier tant attendu était-il vraiment elle ? C'était impossible, inconcevable : un être tel que lui devait sauver les peuples et non les ignorer, les délaisser, les mépriser... Elle ne pouvait pas être quelqu'un d'aussi noble. L'Héritier était si égoïste ! L'Héritier par ci, l'Héritier par là... Raphaël en avait assez de considérer sa demi-sœur comme le sauveur : elle n'était pas censée exister. Il la connaissait à peine et déjà il ne pouvait la supporter.



Chapitre 25 : Liberté chérie.


Ceilan aperçut Sabriël par la fenêtre. Il était complètement perdu, il ne comprenait rien à ce qui se passait autour de lui. Lui, un être pourtant supérieur ! Un demi-elfe bon sang ! Que faisait-il là à se questionner inutilement ? Pourquoi ne lui avait-on rien appris sur cette fille bizarre, sur ces gens autour de lui, et sur cette mystérieuse pierre que Sabriël portait désormais autour du cou ? Il aurait bien voulu la questionner, mais à peine fut-il levé de sa chaise qu'elle avait disparu. Où était-elle passée ?

Sabriël marchait droit devant elle. Elle se guidait à l'odorat, et à l'instinct. Ses chers vêtements lui manquaient et elle ne supportait plus cette chemise de nuit blanche, voyante et fort peu protectrice. Elle finit par trouver ce qu'elle cherchait, oubliés dans un coin d'une laverie du palais : ses vêtements. Elle les pris et les enfila rapidement, abandonnant avec joie sa précédente tenue. Elle finit d'enfiler ses rangers et d'enrouler ses bandes de cuir lorsqu'elle aperçut Jade et Elthalen, un peu plus loin, sortant de derrière le bâtiment principal du palais où elle séjournait. Elle fila en vitesse, se faufilant habilement entre les arbres, puis contourna un bâtiment secondaire, avant de quitter le palais. Elle ne mit qu'une vingtaine de minutes à traverser la grande ville, sautant de toit en toit avec une discrétion étonnante. Elle voulait quitter cette cité qu'elle avait rejoint au pris de nombreux efforts. Elle était troublée, agacée, déboussolée... elle ne savait plus où elle en était. Pourquoi avait-elle cherché ses origines ? Pour savoir qui elle était. Qui était-elle ? La fille d'un roi Vampire, d'une Elfe, et l'Héritière. De quoi héritait-elle ? De deux pays en guerre dont les dirigeants voulaient sa mort, d'un peuple Elfe indépendantiste et d'une civilisation de Vampires nomades disséminés dans tout son territoire. Et encore ! Elle héritait de ces terres et de ses peuples, mais elle n'était reconnue que par une partie des Elfes et la plupart des Vampires. Elle n'était pas la personne qu'il fallait. Elle ne voulait pas hériter de tout ce monde, de tout ces pouvoirs, de toutes ces choses aussi inimaginables qu'inintéressantes.
Elle avait atteint l'extrémité de la ville, protégée par d'immenses remparts. Elle était bloquée. La colère monta en elle. Elle ne se laisserait pas faire !
Il y a un passage souterrain à gauche.
Encore cette voix qu'elle était seule à entendre. Elle devait vraiment devenir dingue à force ! Aussi fou que ça puisse paraître, elle suivit les indications de la voix, masculine d'après la tonalité. Elle pris à sa gauche, et continua dans cette direction. Elle entendit quelqu'un – Jade ? – l'appeler, mais elle ignora cette voix et poursuivit. Elle finit par arriver à ce fameux passage. C'était ni plus ni moins une brèche dans le mur, un trou assez grand pour un enfant ou un adulte à quatre pattes. Elle s'accroupit et y pénétra.
Où comptes-tu aller ?
Elle se concentra sur sa progression dans le passage.
Où comptes-tu aller ?
Elle s'arrêta. Pour la première fois elle devait répondre à cette voix, elle y était autorisée, où du moins elle était écoutée.
Peu importe. Qui es-tu ?
Qui je suis ? Je suis toi, ou plutôt, je suis ton ombre et ta lumière. Je suis toi et ton opposé.
Un nom ?
Je n'ai pas de nom, je suis l'Immortel, l'Ombre, je suis à l'intérieur de ton âme, car tu es l'Héritière choisie des Dieux.
Comment dois-je t'appeler ?
Comme tu le souhaites.
Je...
Ézéchiel ira.
Compris.
Elle entendit un bruit. Des pas qui se rapprochaient. Elle sortit du passage et découvrit une immense plaine, avec au loin quelques collines.
Pourquoi les Dieux m'ont choisi ? Pourquoi moi ? Et quels Dieux ?
Ézéchiel ne répondait plus. Devait-elle se concentrer sur autre chose ? Elle avança prudemment.
Je n'ai plus d'armes.
Tu as deux armes, tu devras apprendre à t'en servir.
Elle resta perplexe.
Je suis une arme.
Elle sentit des bras chauds l'enlacer. Elle se retourna. Rien, ni personne. Elle était troublée. Elle accéléra le pas, entamant la traversée de la plaine. Elle devait se dépêcher, avant de se faire remarquer. Elle marcha un long moment dans l'herbe, tout droit devant elle. L'herbe était de plus en plus haute. Elle lui arrivait déjà aux genoux et semblait encore plus haute après. Elle se hâta.
Il faut que tu ailles voir quelqu'un.
Qui ?
Demanda-t-elle.
Son nom est Früyin.
Früyin ?
C'est un homme dont tu auras besoin, il te donnera de quoi te défendre.
Elle continua à marcher. Soudain, elle s'arrêta et se retourna. Elle vit un renard, aplati au sol, légèrement terrorisé.
_ Que veux-tu ?
L'animal prit une forme humaine. C'était Jade.
_ Je viens avec toi, annonça la jeune transformatrice, je t'accompagne.
_ Pourquoi ?
_ Parce que tu es en danger.
Sabriël se retourna, indifférente. Il y avait des centaines, voire des milliers de personnes qui voulaient sa mort, des aristocrates, des nobles, mais aussi des ouvriers, de simples esclaves, tout un tas de personne. Et ce n'était pas près de s'arranger. Oui, elle était en danger, mais toute sa vie elle l'avait été, alors cela lui importait peu.
Peut-elle venir ? Demanda-t-elle.
Oui, elle te sera très utile.
Sabriël soupira et poursuivit sa traversée.
Où puis-je trouver l'homme dont tu me parlais ? Questionna-t-elle.
Pas de réponse. Elle lâcha un juron et Jade sursauta. Les deux jeunes filles restèrent silencieuses tout le reste du voyage. Elles continuèrent à marcher jusqu'à la tombée de la nuit. Elles avaient mal aux jambes, fatiguées, et Sabriël était toujours blessée. Elle ne se sentait vraiment pas bien. Son œil droit la lançait, sa poitrine également. Elle s'allongea dans l'herbe. Elles étaient à présent assez loin pour être hors de vue. En quelques secondes, elle perdit connaissance.

Sabriël se réveilla quelques heures plus tard. Ses blessures lui faisaient toujours mal, mais elle n'était plus épuisée. Elle vit la forme animal de Jade, roulée en boule, endormie à côté d'elle. La jeune fille au joyau se leva. Son œil droit la faisait souffrir. Elle se tourna vers la ville de Trösh, qui était à présent plutôt loin. Une silhouette avançait vers les deux filles. Sabriël se retourna à nouveau, récupéra Jade dans ses bras, alors qu'elle dormait toujours, et s'en alla rapidement. Elle déposa Jade dans les herbes hautes et s'accroupit pour regarder qui arrivait. Elle se rendit compte que c'était Ceilan. Il marchait tel un zombie des temps anciens. Il brandissait son épée.
_ Sabriël ! Cria-t-il.
Elle se raidit. Elle ne l'avait jamais vu ainsi, pas même lorsqu'ils s'étaient battus.
_ Tu... Je vais te...
Elle sentit ses poils se hérisser, quelque chose n'allait pas. Une ombre sortit de nulle part, elle avait forme humaine mais restait une masse sombre.
_ Mais qui voilà... commença l'ombre.
Ceilan s'était stoppé, immobile, planté dans le sol.
_ Ma chère Sabriël, sans défense, sans armes et sans pouvoirs. C'en est fini de cette mascarade. A présent retourne à la terre, et laisse s'effacer ton existence. Tu n'es plus, tu n'as jamais été.
L'ombre ordonna à Ceilan :
_ Tues-la.

Sabriël recula d'un pas et Ceilan bondit sur elle comme un automate, dirigé arbitrairement par une existence étrange. Il était possédé. Elle esquiva le premier coup d'épée. La technique et le niveau de maniement était extrêmement différent de leur première bataille. Il était déjà aussi fort que feu son Maitre, bien qu'il manquât d'expérience. Mais elle ne pouvait perdre, elle devait se battre et gagner, elle n'avait pas le choix. Il frappa à nouveau et elle fut touchée au bras. Une simple égratignure, mais elle évaluait très mal les distances à cause de son œil blessé. Elle frappa le plexus solaire d'un coup de pied, parallèle à l'épée. Il fut projeté deux mètres en arrière et tomba sur le dos. Il resta sonné, un instant. Elle posa le pied sur le plat de l'épée avant de la lui prendre.
_ Tues-la, répéta l'ombre.
Ceilan ouvrit les yeux et se releva brusquement, entrainant Sabriël en arrière. Il la frappa au torse, à l'endroit même où la douleur était la plus forte. Elle eut la respiration coupée, pliée en deux. L'ombre continua à parler :
_ Il ne s'arrêtera que lorsque tu mettras fin à son existence. L'un de vous deux...
_ La ferme, coupa Sabriël, la ferme, tu entends ?
Elle leva l'épée.
_ Ceilan, j'espère... que tu seras bien mieux là-bas...
Elle tira puis planta son épée dans la poitrine du garçon. L'instant d'après, il gisait au sol. Il n'était déjà plus qu'un cadavre. Elle planta son épée devant sa tête, en guise de tombe.
_ Ne me pardonne jamais.
L'ombre disparut sans qu'elle puisse avoir une quelconque information. Que s'était-il passé ? Aussi vite... tout se brouillait. Elle ne pouvait plus réfléchir calmement.
Tu es bien cruelle.

Pas de réponse.

Elle déchira son haut et banda son bras. Elle se retourna. Aplatie, terrorisée, Jade était incapable du même mouvement. Elle n'aurait jamais imaginé une telle violence, une telle cruauté de la part de la jeune fille.
_ Allons-y.
Sabriël était déjà en route. Jade pris sa forme humaine, n'osant regarder ce qui la terrorisait. Elle eut une larme pour Ceilan. Elle ne le connaissait pas, pourtant sa triste fin l'émouvait. Sabriël était silencieuse, elle réprimait du mieux qu'elle pouvait ses pulsions vampiriques. Tout avait une fin. Il était idiot de se lamenter. Il était son ennemi depuis le début. Elle l'avait tué, et c'était tout ce qu'il y avait à constater. C'était fini.

Jade ne prononça aucun mot. Sabriël non plus. Elles continuèrent leur chemin, inlassablement, s'éloignant le plus possible de la cité. Il n'y avait pas d'issues, tout n'était qu'herbe, terre, humidité.
Sabriël Leöl Adsen.

Sabriël sursauta. Jade se raidit et sembla inquiète.
Sabriël Leöl Adsen, Sabriël Adsen, l'élue. C'est de l'elfique.
Pourquoi me parles-tu en elfique ?
Parce que c'est la langue ancienne, la langue des Magiciens, la langue des Elfes. Elle est belle.
Oui, sans doute. Leöl signifie l'élue...
Oui, Ézéchiel est dérivé d'Ezä, l'âme, et de Chël, emprisonné.
Que signifie Sabriël ?
Pas de réponse. Devait-elle la trouver elle-même ?
Ezä lu Chël nël Sabriël.
Ce qui veut dire ?

Jade agita sa main devant Sabriël. Les deux filles restèrent immobile un instant.
_ Est-ce que tu parles l'elfique ? Demanda Sabriël.
_ Je... non... enfin un peu.
_ Ezä lu Chël nël Sabriël.
_ Alors... Chël signifie emprisonné, Ezä représente l'âme, l'esprit. Nël est un tout, une uniformité. Elthalen me parlait en elfique dès fois. L'âme... emprisonnée et Sabriël... sont un tout. Attends ça ne peut pas être ça...
_ C'est ça, dit Sabriël.
_ Tu es sûre ?
_ Oui.
_ Il... y a une âme... emprisonnée... en toi.
_ Oui, je pense que c'est ça. Elle n'est pas vraiment en moi... mais elle est liée à moi.
Soudain, Jade sauta sur Sabriël en la faisant tomber. Deux flèches se plantèrent dans la terre à quelque centimètres d'elles.
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